l’Assomption de la Vierge-Marie

               Homélie de l’Assomption de la Vierge-Marie 2023

Lectures : Ap 11, 19a ; 12, 1-6a. 10 ab ; Ps 44, 1 Co 15, 20-27a ; Lc 1, 39-56

Mes sœurs et mes frères, un jour Jésus était en train de prêcher et comme à l’accoutumée, les gens étaient épatés par la profondeur de ses propos. Une femme dans l’assemblée tombée en admiration s’est mise à magnifier à travers Jésus, le destin de sa mère : « Elle est heureuse la femme qui t’a porté dans son sein et t’a allaité ! » (Lc 11, 27). L’Eglise croit ainsi que le corps-tabernacle qui a porté le fils de Dieu n’a pas disparu pour toujours. Marie partage la gloire de la résurrection éclatante de son fils. C’est donc à la Toussaint en 1950, que le pape Pie XII a proclamé la vérité de foi de l’Assomption en ces termes : « L’Immaculée Mère de Dieu, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ». Pie XII ne dit pas que Marie n’est pas morte. Mais comme Jésus, elle a été prise toute entière, elle est montée au ciel avec son corps et son âme.

Mais sachons-le : le corps de Marie monté au ciel est aussi, en humanité,  le nôtre; corps grâce auquel chacun de nous est reconnu et identifié comme être humain. Il s’agit de ce corps qui nous ouvre au monde par nos 5 sens traditionnels (vue, ouïe, goût, odorat, toucher); le corps que nous bichonnons avec soin et respect. Qu’il soit beau ou moche de notre point de vue, il est magnifique. Non pas parce qu’on peut le sculpter en silhouette de mannequin, non pas parce que la chirurgie plastique, réparatrice et esthétique peut le remodeler, mais parce que par l’incarnation de Jésus fait homme, le corps humain est sanctifié, il est l’abri du Saint Esprit. Par l’institution du sacrement de l’eucharistie, il est transsubstantié, consacré : « Ceci est mon corps« . Oui, même si notre corps périssable doit, à sa mort, être rongé par les vers ; même s’il doit être consumé au crématorium, même s’il peut être blessé par la maladie, métamorphosé en fonction de l’âge et des circonstances, il est « animé » par un principe  de vie venant du Souffle de Dieu, autrement dit,  il renferme une force vitale immortelle appelée « âme spirituelle ». Au-delà des apparences, du temps et de l’espace, notre corps est, en vertu de la puissance de la résurrection de Jésus-Christ, promis à être glorieux, transfiguré de fond en comble !

L’âme de Marie montée au ciel, c’est la parcelle du divin en tout être humain. Notre âme nous permet de nous brancher à Dieu, de l’exalter, de le contempler, d’exulter de joie spirituelle en sa présence. « Comme une biche soupire après l’eau du ruisseau, mon âme aspire vers Toi, ô mon Dieu » (Ps 41, 2). Un des secrets de mon équilibre spirituel, de ma paix intérieure, n’est-ce pas la réconciliation avec mon âme ?

Comme « la 1ère en chemin », nous emboîtons le pas : Maman Marie profile notre avenir, elle consolide notre espérance : notre chemin n’est pas sans issue. Poussés par le vent de la grâce de Dieu, nous nous accrochons en continuant à ramer avec énergie, convaincus que nous ar-riverons là où Marie est parvenue, malgré les vicissitudes de la vie. Le signe de la femme enceinte de la 1ère lecture, qui crie torturée par la douleur de l’enfantement, renvoie à l’accouchement difficile du Monde nouveau où l’amour aura raison de la haine et la vie de la mort.

Ceci dit, du peu que nous connaissons de la Vierge-Marie par l’Evangile, la Tradition et les écrits du Magistère, nous savons qu’elle revêt 2 titres : elle est Mère et Modèle.

Comme Mère, nous savons que  le plus souvent, la mère est le 1er amour de son enfant ; elle en prend soin, prie pour lui (cf. La prière des mères) ; lui transmet des valeurs correctes, l’éduque : « Fais ce que Jésus te dira ; Dieu élève les humbles … » La mère connaît son enfant par cœur : Marie ressent nos peurs, comprend nos révoltes, soutient nos balbutiements … La mère protège son enfant : Marie est pour moi un refuge, un bouclier. J’en ai la certitude : dans notre pauvre vie, quand tout a sombré, s’il nous reste Marie, rien n’est désespéré !… Par ailleurs, Marie est notre modèle de discernement, de douceur et de pureté de cœur (elle garde tout dans son cœur), modèle de charité ardente (la visitation), de confiance et d’abandon (son fiat – elle remet  sa vie entre les mains de Dieu -, son cœur transpercé au pied de la croix, sa prière au Cénacle) …

Dans toutes ses apparitions, elle nous exhorte à la prière. Jean-Paul II, le pape marial qui a choisi comme devise « Totus tuus » (Je suis tout à toi), témoignait un jour en ces termes : « Le rosaire est ma prière préférée« . Par le rosaire, nous contemplons avec Marie le visage de Jésus. Quand on le prie non pas machinalement, mais dans son cœur et avec une foi profonde, nous faisons une intense expérience d’intimité avec Marie. Comme dit Padre Pio, le rosaire  » C’est une arme redoutable de protection personnelle ; une arme à garder dans sa poche !« .

En cette solennité de l’Assomption, je tiens encore ce pari : jamais je ne passerai un jour sans saluer Marie, sans la bénir : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse ! » Que Maman Marie nous entoure de sa tendresse, qu’elle nous inonde de sa paix et que la force de son amour rayonne et diffuse dans nos cœurs.

                                                                                            Vital Nlandu, votre curé-doyen

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