Homélie du 6ème dimanche B de Pâques : Lectures : Ac 10, 25-48; Ps 97; 1 Jn 4, 7-10; Jn 15, 9-17
Mes sœurs et mes frères, je vais vous parler du bénéfice de l’amitié et de l’originalité de l’amour apporté par Jésus-Christ. A la suite de dimanche dernier, Jésus continue, avant de quitter ses disciples, de leur livrer ses ultimes révélations : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous aime« . Voici une déclaration d’amour qui fait tiquer ! Notre relation avec Jésus prend tout à fait une nouvelle dimension : « Je vous appelle mes amis« . C’est celle-là ma nouvelle identité spirituelle : je suis ami de Jésus-Christ ! La foi n’est pas une question de croyance livresque, mais d’amitié. Montesquieu déclare à juste titre : « Si nous connaissions le prix d’un véritable ami, nous passerions notre vie à le chercher ». Un ami est une présence aimante, un repère, un bouclier, un vieux miroir fidèle qui te dit comment tu es ; il est même capable de te reprendre non pas pour te démolir, mais pour que tu grandisses ! Vivre sans amis, n’est-ce-pas mourir un jour sans témoins ? J’ose ouvrir mon cœur à l’ami, lui faire mes confidences sans peur d’être trahi ou jugé. Une des plus grandes fortunes de cette vie, n’est-ce pas d’avoir quelqu’un à qui on peut dire son secret, sur qui on peut compter ; quelqu’un devant qui on peut se tenir sans salamalecs ni fioritures ? Mon ami finit toujours par me comprendre même s’il ne cautionne pas tout. Il connaît tout aussi bien le flux que le reflux de ma marée… En effet, toute relation, y compris les liens de sang, de couple…, pour qu’elle soit cool, simple, naturelle, complice, profonde, confiante et éternelle, doit se muer en amitié… Et toi, dis-moi : quelle (re)lecture fais-tu de tes amitiés ; es-tu conscient(e) que Jésus est ton ami ?
Quand Jésus disait : « Je suis venu mettre le feu sur la terre » (Lc 12, 49), il s’agissait de ce volcan d’amour en éruption. La page d’Evangile de ce jour en retrace la cadence : le Père aime le Fils (quel cerveau peut seulement imaginer, sonder les profondeurs vertigineuses de la communion entre le Père et le Fils !). Le Fils nous aime de la même fulgurance d’amour divin à Inoculés de cet amour entre autres au baptême, il nous missionne à notre tour d’en aimer les autres. Ce faisant, nous devenons enfants de Dieu, car, « Celui qui aime est né de Dieu… Dieu est Amour ! » (2ème lecture). De ce qui précède, on peut comprendre que le lien substantiel, vital qui scelle l’union entre le Père, le fils et les disciples, c’est l’amour. Ainsi, quand tu t’interroges où est Dieu, demande-toi d’abord où sont les signes du Royaume, où est l’amour dans la situation que tu vis ?
La révolution ou encore la nouveauté de l’amour apporté par Jésus se retrouve dans cette allégation : « Aimez-vous COMME je vous ai aimés« . Il nous a aimés d’amour- agapé et c’est d’ailleurs la seule explication de la Croix : aimer, c’est avoir quelqu’un pour qui on peut mourir, se sacrifier. L’agapé signifie amour gratuit, pur, désintéressé, inconditionnel, sans limite, universel. C’est comme les fleurs dans la nature printanière : elles ne s’ouvrent pas en fonction de ceux qui les regardent. Elles s’ouvrent en éventail et déploient tout simplement la pureté de leur beauté !
On éprouve absolument la joie que procure l’amour quand il est don – (se)donner -, quand il se traduit dans des actes concrets, qui permettent à l’autre de s’en sortir, d’être heureux. Ne dit-on pas que l’amour n’existe pas, il n’y a que des preuves d’amour ? Sans œuvres de charité, l’amour n’est qu’une idéologie. Alors, coup de chapeau aux personnes qui travaillent bénévolement et avec dévouement dans les associations humanitaires, qui remplissent leur devoir d’état, c’est-à-dire font ce qu’ils peuvent avec amour et humilité. Qui a fait ce qu’il peut a fait ce qu’il doit !… La « petite voie » de Thérèse de Lisieux, c’est de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole…, profiter de toutes les petites choses et les faire par amour.
Le label de l’amour de Jésus-Christ, c’est aussi : « Aimez-vous les uns les autres« . Les uns sont ceux que j’aime naturellement, avec qui je m’entends à merveille… Les autres sont ceux que je ne supporte pas nécessairement. Bien sûr, aimer son ennemi ne signifie pas partir en vacances avec lui, mais c’est lutter contre le ressentiment que je peux éprouver à son égard, prier éventuellement pour lui, le bénir, vouloir qu’il vive. Ainsi, aimer la personne qui vous a blessé ne veut pas dire renoncer à la justice et à la vérité -« Amour et vérité se rencontrent (Ps 85, 11) » -, mais renoncer à la vengeance…et peut-être oser le pardon !
Cela est-il faisable ? C’est un idéal que Jésus nous propose. L’Esprit Saint, Amour de Dieu en personne et Impulsion de tout amour vrai et authentique, nous aide à y tendre.
Vital Nlandu, votre curé-doyen