Homélie du 27ème dimanche A : les vignerons homicides
Is 5, 1-7 ; Ps 79 ; Ph 4, 6-9 ; Mt 21, 33-43
Mes sœurs et mes frères, dans sa lettre aux Philippiens, saint Paul écrit : » Frères, ne soyez inquiets de rien« . C’est le même slogan libérateur et émancipateur que scanda le pape Jean-Paul II au monde et à la postérité le 22 octobre 1978, sur la Place St Pierre alors qu’il venait d’être élu pape : « N’ayez pas peur ! «
En effet, la peur est une angoisse, une sensation désagréable qui nous alarme devant une menace, un danger à éviter ou à affronter. Le trouble psychologique envahissant qu’elle génère peut même somatiser, développer des symptômes physiques : on a la sensation d’étouffement, l’estomac se noue, la bouche devient sèche jusqu’à en avoir des sueurs froides et des palpitations … Avoir la trouille ne rassure pas ; ça pourrit plutôt la vie, inhibe la joie d’entreprendre, de vivre, d’aimer et d’espérer. Pensons à nos troubles phobiques, à nos peurs de la maladie, de la mort; à nos peurs du devenir de nos enfants, de la pauvreté; à la peur de vieillir, d’être trahi et abandonné par nos alliés … Sur ce, notre foi est une arme implacable pour surmonter et vaincre la peur : quand on a adhéré à l’Amour de Dieu et qu’on y croit de tout son cœur, il naît, à coup sûr, une confiance et une paix spirituelle inébranlables ! Le psalmiste en a fait l’expérience quand il dit : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Il est le rempart de ma vie, devant qui tremblerai-je ? » (Ps 27, 1). Figurez-vous, l’expression « Ne crains point » traduite de différentes manières, revient 365 fois dans la Bible : c’est donc chaque jour que le Seigneur te convie à la paix intérieure.
Quant à l’Evangile, Jésus attire notre attention en disant : « Ecoutez cette parabole« . C’est tellement important pour nous : une parabole interroge et décape… Dieu, propriétaire d’un grand domaine, planta une vigne. Il en confia la gestion à des vignerons et, après avoir scellé le contrat, partit en voyage. L’éloignement de Dieu signifie qu’il te veut, comme gérant des dons et talents dont il t’a richement doté, libre et responsable !
Les vignerons de la parabole sont les Juifs. Quand vint le moment de la vendange, l’heure de rendre compte, ceux-ci maltraitèrent et tuèrent les prophètes que Dieu a envoyés pour recevoir les fruits de la vigne… En dernier lieu, ils ont même assassiné le Fils de Dieu, l’héritier ! Jésus annonce ici qu’il subira le même sort que les prophètes d’Israël qui l’ont précédé : « Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l’ont pas accueilli… Cependant, nous qui l’avons accueilli, il a fait de nous des enfants de Dieu ; il nous a donné une nouvelle vie » (Jean 1, 11-12). Dans sa première encyclique « Dieu est amour », le pape Benoît XVI indique que la foi donne à notre vie un nouvel horizon et par là une orientation décisive…
Le péché de ces misérables vignerons usurpateurs, notre péché, c’est le péché d’athéisme, le refus total de Dieu : nous voulons gérer nos vies, nos familles, le monde, en nous passant de Dieu, qui en est pourtant le propriétaire et qui a un plan de salut pour l’Humanité…
Chers amis, la meilleure manière de lire une parabole comme celle d’aujourd’hui, c’est d’abord de se rendre compte qu’elle me questionne personnellement : est-ce que je me réfère à Jésus-Christ, la pierre angulaire, la base essentielle du processus de mon humanisation ? Est-ce que je me fonde sur l’esprit et le génie de l’Evangile dans mes choix, mes décisions, mes actes ? Quelle est ma position face aux exigences de Dieu ?
A la fin de la Parabole, Dieu confiera sa vigne à d' »autres » vignerons : ce sont les femmes et les hommes de bonne volonté, qui oeuvrent avec dévouement à l’avènement du Royaume de Dieu, un Monde de paix et de justice. Ils sont de toutes races, de toutes nations, de toutes conditions sociales, y compris de tout bord spirituel. Ces « autres » vignerons, c’est aussi l’Eglise dont les membres ont la mission de discerner et d’accomplir la volonté de Dieu (Mt 7, 21), Lui qui nous demande avec instance de produire des fruits (V. 43) de service, d’accueil, de joie et de bienveillance pour le bien des hommes et la gloire de Dieu.
Vital Nlandu, votre curé-doyen

