Homélie du 28ème dimanche A
Lectures: Is 25, 6-10 a; Phil 4, 12 s; Mt 22, 1-14
Mes frères et mes sœurs, dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe exprime un optimisme à toute épreuve pour nous encourager et nous dire : « Tu ne regretteras pas d’avoir fait confiance en Dieu, d’avoir cru en ses promesses. Quand le projet de salut de Dieu aura abouti, il organisera un festin où les peuples, sans exception aucune, seront invités. Tu y as déjà ta place !… Ce sera une démarche inclusive, une joie partagée« .
Dans la parabole de l’Evangile, il s’agit d’un mariage. Qui l’organise ? Un roi, c’est Dieu. Qui se marie ? Son Fils Jésus. Avec qui ? La fiancée n’est pas mentionnée, c’est une astuce littéraire pour soutenir le suspense. En effet, la fiancée, c’est l’Eglise répandue à travers le monde, le peuple de Dieu et c’est nous. Cette parabole nous rappelle les péripéties de l’histoire du salut marquées par de nombreuses ruptures d’alliance, les refus du don de Dieu, l’indifférence parfois insolente à ses sollicitations d’amour, voire l’hostilité envers ses messagers, les prophètes.
Il y a 3 groupes d’invités : le 1er c’est celui des fils d’Israël, le peuple élu. Indifférents, ils n’ont que faire de l’invitation et leur refus est total. La 2ème vague d’invités fait aussi la sourde oreille. Mais certains justifieront leur refus par des préoccupations professionnelles. De même aujourd’hui, il y en a qui ne vont pas à la table du repas eucharistique, qui préfigure le banquet du Royaume, par manque de temps – d’intérêt ? Ils n’en peuvent plus de leurs folles courses : conduire les enfants au sport, retrouvailles familiales, amicales, loisirs, besoin impérieux de repos…
Après que ces deux essais aient essuyé une rebuffade, le roi invite de nouveau. C’est dire comment Dieu est patient ! Puisque les premiers invités s’étaient désistés, il fallait bien trouver d’autres convives, car le banquet d’amour de Dieu est toujours prêt, qui t’attend ! Va s’en suivre une mobilisation générale. Cette fois-ci, les invités viendront de partout : des femmes, des hommes du monde entier, toutes races et cultures confondues. Cette famille humaine unie dans sa diversité et rassemblée autour du banquet où Dieu nous partage sa vie et sa joie, souligne la catholicité, l’universalité du salut proposé par Jésus-Christ. Il y a dans la salle des bons et des mauvais, le bon grain et l’ivraie. On n’a pas besoin de fournir un certificat de vertu ou de bonne conduite. Tout le monde est invité pêle-mêle, sans distinction ni discrimination. Dieu appelle gratuitement, convie largement : la salle est bourrée.
Est-ce que tout est bien qui finit bien ? Que nèni ! Notons que la miséricorde infinie de Dieu qui accueille tous les hommes n’est pas un laisser-aller bonasse. Il y a une exigence de tenue correcte et de dignité ! Dans la salle de noces, on surprend un monsieur en salopette de jardinier. Le roi l’interpelle avec beaucoup de courtoisie, il l’appelle même « mon ami ! ». Il veut négocier, créer du lien avec lui (religare). Mais ce dernier choisit de garder un silence d’affront, il refuse de dialoguer, d’entrer en relation avec Dieu. Ce faisant, il s’est replié dans son mutisme, s’est enfer-mé sur lui-même. L’enfer, c’est refuser pieds et poings liés, de s’ouvrir aux autres et à Dieu…
Non, l’habit de noce, l’exigence de dignité pour accéder dans la salle de fête dont parle Mathieu, ne relève pas d’un mérite ou d’une condition à remplir ; ce n’est pas non plus d’abord une question de morale ou de dogme. C’est le linge baptismal qui signifie « revêtir le Christ« , « revêtir l’homme nouveau » (Gal 3, 27 ; Eph 4, 24). C’est le vêtement blanchi dans le sang de l’Agneau dont parle saint Jean (Apc 7, 14 ; 19, 5-8). Ce qui importe, c’est être intimement attaché au Christ. Par cet attachement, il nous donne la force d’adopter son style de vie, de changer de regard ; la force de faire face à des circonstances diverses, y compris les plus difficiles, ainsi qu’écrit saint Paul de sa prison dans la 2ème lecture : « Je peux tout en celui qui me donne la force ».
Avant la communion, je vous inviterai à venir recevoir et manger le pain de vie, en ces termes : « Heureux les invités au repas du Seigneur« . Le geste de vous lever et de vous avancer signifie que vous répondez : « Oui« . Mais vous ajouterez : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir« , autrement dit : « Guéris-moi, je te fais confiance ; accueilles-moi à la fête, j’ai revêtu le vêtement de noce …! »
Vital Nlandu, votre curé-doyen

