Approvisionner sa réserve d’huile

Homélie du 32ème dimanche ordinaire A : Approvisionner sa réserve d’huile

        Lectures: Sg 6, 12-16; Ps 62; 1 Th 4, 13-18; Mt 25, 1-13

Mes sœurs et mes frères, sachons d’entrée de jeu que le christianisme est une religion de l’attente, de l’espérance : nous sommes en stand-by, en attente de la réalisation d’une promesse. D’où le conseil à se tenir prêt, à être sans cesse vigilant.  Et c’est quoi la promesse ? C’est le retour du Christ dans sa gloire appelée « parousie » dans le langage chrétien (2ème lecture, Mt 25, 31).

La parabole parle de noces pour dire que le Royaume de Dieu est une aventure, un rendez-vous d’amour.  Les 10 charmantes demoiselles d’honneur invitées aux noces, c’est chacun de nous, qui devons nous préparer à accueillir le Seigneur (l’époux) lorsqu’il arrivera soudain nous introduire dans la salle du festin. Ce qui est reproché aux 5 filles insensées, ce n’est pas qu’elles soient gagnées par le sommeil. Notre rythme nycthéméral nous pousse tout naturellement à nous assoupir aux heures tardives de la nuit. Les travailleurs de nuit (emploi Horeca, routiers, infirmières de garde…) savent qu’il arrive un moment dans la nuit où l’on peut somnoler. Et d’ailleurs, les 10 filles, sages comme insensées, ont succombé à l’épreuve de la veille, elles se sont toutes endormies. 

Ce qui leur est reproché, c’est d’avoir négligé l’approvisionnement de la ration d’huile de leurs lampes. Sans huile, il n’y a pas de lumière. Et sans lumière, on végète dans l’obscurité, on trébuche, on est dans l’insécurité totale. Sans lumière, il n’y a pas de repère. Sans lumière, il n’y a pas d’énergie renouvelable : on est vite épuisé, découragé spirituellement (acédie)… Dans la tradition biblique, l’huile-Onctionsymbolise l’Esprit Saint, le combustible de notre lampe intérieure :« L’huile de l’Onction demeure en vous » (1 Jn 2, 27) … Oui, il y en a, des personnes folles, qui refusent de se laisser guider par l’Esprit Saint.

La lampe représente ainsi la lumière que chacun porte dans son cœur. C’est ta beauté intérieure, l’Amour de Dieu que l’Esprit Saint y répand (Rm 5, 5).  Comment alors entretiens-tu cette beauté, que fais-tu de l’Amour qui t’habite ?

Seul l’Esprit Saint maintient ta lampe allumée, il te donne la force de témoigner, la force d’être le sel de la terre, la lumière du monde…  La porte s’est fermée derrière les filles prévoyantes parce qu’il y a des conditions pour entrer dans le Royaume. J’entends bien la prière des insensées : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous« . Elles connaissent bien le nom du Seigneur sans doute pour en avoir entendu parler, mais cela ne suffit pas. Il faut encore entreprendre l’aventure d’amour avec Lui, à l’instar du psalmiste de ce dimanche. Il est édifiant le témoignage d’attachement profond et même dévorant qu’il a pour son Dieu : « Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu. Je te cherche dès l’aube. Toute ma vie je vais te bénir. Je reste des heures à te parler  » (Ps 62). C’est la même intimité qui se dégage dans la quête passionnée de la bien-aimée du Cantique des cantiques : « –Au long des nuits, des jours, dans les insomnies, le noctambulisme-, je cherchais celui que j’aime, sans le trouver. Et voilà…, je l’ai rencontré celui que je cherchais, celui que mon cœur désirait, jamais plus je ne le lâcherai … » (Ct 3, 1-4).

Seigneur, tu le sais : malgré mes balbutiements, je t’aime, mais augmente ma foi !

                                                                                     Vital Nlandu, votre curé-doyen

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