Homélie du 1er dimanche de l’Avent B : « Je le dis à tous : veillez !«
Lectures: Is 63, 16-19; 64, 2-7; Ps 79; 1 Co 1, 3-9; Mc 13, 33-37
Mes sœurs et mes frères, à l’instar de l’apôtre Paul qui remercie Dieu pour les grâces reçues par la jeune communauté de Corinthe (2ème lecture), moi aussi je vous souhaite grâce, paix et bonne année liturgique B ! En effet, nous commençons le cycle liturgique Bpar cette entrée en Avent, la montée vers Noël… Je lis dans l’Evangile : « C’est comme un homme parti en voyage« . C’est depuis 20 siècles après l’Ascension que nous sommes dans l’expectative : nous attendons le retour du Seigneur. Aussi notre prière : « Maranatha » : Seigneur, viens ! Le prophète Isaïe supplie dans la 1ère lecture : « Reviens…, déchire les cieux, descends. Loin de toi, nous sommes comme des feuilles desséchées. Nous sommes tous l’argile, l’ouvrage de ta main »
En effet, la venue du Seigneur s’inscrit dans le présent historique, elle est omnitemporelle : il est venu, il vient, il viendra. Pour nous chrétiens, la fête de Noël est un repère liturgique où nous découvrons à nouveau frais ce Dieu qui nous rejoint dans la totalité de notre être avec nos joies, nos espérances, mais aussi nos balbutiements, nos questionnements, nos révoltes – pourquoi pas ! -, nos déserts, nos lourdeurs, nos peines jusqu’à travers la mort. Le temps de l’Avent nous prépare à prier et à fêter Noël en réactivant de plus belle l’ardeur du désir de la rencontre. Parlant justement de cette attente, Marion Muller-Colard, la théologienne protestante, écrit : « Attendre pour mieux apprivoiser l’inattendu« , c’est-à-dire l’offre du salut, de la grâce et de la paix de Dieu pour son peuple. En même temps que nous attendons que le Seigneur se manifeste, lui aussi attend la conversion de notre cœur… Cette irruption de Dieu dans le monde et dans la précarité, la beauté et la profondeur de nos vies, constitue la quintessence du mystère fondateur de notre foi, à savoir l’incarnation.
Le Fils de Dieu est venu habiter notre terre, il s’est fait proche de l’homme en prenant chair. Devenu un être physique, psychologique et social, il a touché le lépreux, il a pleuré, il s’est occupé de gens malades et abîmés, il a lavé les pieds des disciples, il a eu faim et soif … Voilà pourquoi, sans cautionner ses turpitudes, il comprend l’homme en tout point de vue puisqu’il a vécu la condition humaine à l’exception du péché. S’il s’est mis à notre niveau, c’est pour que nous marchions dans ses pas et puissions le suivre. Pour tout dire : il est descendu pour nous élever.
L’Avent est un vrai kaïros, une opportunité pour un nouvel élan. C’est un chemin de conversion fait de prières et de solidarité. Jésus en donne le mot d’ordre dès ce dimanche : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : veillez !«
Que signifie « veiller » ? C’est être une sentinelle de lumière et d’espérance. C’est, comme dit Isaïe dans la 1ère lecture, se laisser façonner, tripoter comme l’argile dans les mains du potier. Cela signifie que pendant ce temps de l’Avent, je vais faire l’effort de lâcher prise, de m’abandonner simplement à Dieu. N’est-ce pas cela l’objectif majeur du festival d’adoration que nous allons vivre ce jeudi : je m’abandonne à cœur ouvert à Dieu qui, au-delà de mes fragilités, peut faire de moi une belle œuvre, un beau vase. Il y a des argiles rebelles qui ne sont pas malléables. Elles se laissent modeler par la mode, selon leur bon vouloir, leur orgueil, leur suffisance. Nous sommes au mois de décembre, mois de Marie, qui a fait l’expérience de la paix et de la sérénité que procure l’abandon, la confiance totale en Dieu. Veiller, c’est aussi veiller affectueusement, matériellement, spirituellement sur sa famille, ses amis, sur le frère. Il s’agit du sacrement du frère qui a besoin d’un coup de téléphone, d’un coup de main, d’une visite, d’un regard bienveillant, d’un peu de chaleur humaine, de considération, d’écoute empathique …
A chacun et à tous, je souhaite une confiante, joyeuse et active montée vers Noël.
Vital Nlandu, votre curé-doyen
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