L’Avent, un grand chantier !

Homélie 2ème dimanche de l’Avent B :

           Lectures : Is 40,1-11; Ps 84; 2 P 3, 8-14;  Mc 1,1-8

Mes sœurs et mes frères, saint Marc l’évangéliste met en route son Evangile en ces termes : « Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu« . Nous sommes à la 2e semaine de l’Avent, temps de grâce, occasion favorable pour (re)commencer, pour réviser sa vie. Mais peut-on seulement (re)commencer sans avoir foi, sans être habité par une espérance ? Jésus, au seuil de son œuvre de salut, a foi en l’homme et sait du reste que son Evangile sera chemin dans les impasses, braise dans les cendres, sérénité dans les vagues, lumière venue dans le monde… Comme un oiseau lavé de la marée noire est appelé à reprendre timidement son envol, la clarté de l’Evangile guérit et pousse à repartir.

C’est à ce nouveau départ que nous convie le prophète Isaïe dans la 1ère lecture : après une déportation de 50 ans du peuple hébreu en Babylonie, il annonce la libération, le retour au bercail. Voilà un profond soupir de soulagement face à un vaste horizon qui se déploie à perte de vue, à ce nouveau chemin de conversion de cœur qui s’ouvre. Il s’agit d’un grand chantier spirituel car la route empruntée par le Seigneur pour venir dans nos cœurs est bien souvent terriblement chaotique ! Il en faut de gros engins – bulldozers, niveleuses … – pour rendre droits les sentiers tortueux de nos hypocrisies et de nos égoïsmes, combler les ravins de nos pauvretés spirituelles, abaisser les collines de notre orgueil qui, une fois aplanies, nous permettront de voir les autres et de voir plus loin. C’est à ce programme de libération qu’engage le baptême de Jean-Baptiste dans l’eau, symbole de la vie et qui, dans beaucoup de cultures, sert de rite de passage, de purification pour un nouveau départ.  Le baptême de Jésus dans l’Esprit Saint qui nous donne assurance et force pour rebondir.

Chers amis, si le contraire de recommencer, c’est cesser, s’arrêter, déclarer faillite, la vie est alors un éternel recommencement, une perpétuelle reprise et rien n’est perdu tant qu’il y a possibilité de se reprendre et  de refleurir…  Il en est de la vie de la foi comme la pointe d’un crayon, il faut recommencer à la tailler sans cesse à travers la conversion de cœur pour qu’elle soit conforme à la volonté de Dieu.  La foi, ce n’est pas se rappeler qu’on a été baptisé, confirmé, marié à l’Eglise. Ce n’est pas savoir ranger dans un tiroir sa bible, ses photos solennelles, son chapelet, son crucifix ou autres statuettes. C’est plutôt un changement de regard, une manière de vivre !

Une anecdote : l’abbé Klemens-Maria Hofbauer, surnommé l’apôtre de Vienne, l’ami des pauvres. Ça ne le gêne pas d’aller dans les lieux publics récolter de l’argent pour les plus démunis. Un jour, dans un restaurant, il arrive devant un homme anticlérical, athée, qui haïssait l’Eglise et qui lui dit : « Tu oses me demander de l’argent, et il lui crache au visage ! » Et tout calmement, l’abbé prend son mouchoir, s’essuie le visage et lui dit : « Ça c’est pour moi ! Et que réserves-tu, que donnes-tu à mes pauvres ? » Et l’homme impressionné s’est mis à pleurer. Il a remis à l’abbé tout ce qu’il avait dans sa poche. La foi de l’abbé Klemens-Maria, une manière de vivre !

Pour finir, la voix qui crie au désert est celle de Jean-Baptiste qui nous convie à rejoindre ce lieu de sobriété, de solitude, habité par le silence.

Pendant l’Avent, allouons-nous de temps en temps, un intermède de désert, d’intériorité. Chacun peut ainsi aller à sa propre rencontre et, si possible, se remettre en question. Au désert, il arrive que le vent souffle en tempête et que les masques tombent. Ce vent, ne serait-ce pas l’Esprit Saint, notre conseiller intérieur, qui nous convainc et nous aide à nous convertir ?                                                                         

                                                                                   Vital Nlandu, votre curé-doyen

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