Homélie du 2ème dimanche Ord. B : Venez et voyez !
1 S 3, 3b-10. 19 ; Ps 39 (40) ; 1 Co 6, 13c-15 a. 17-20; Jn 1, 35-42
Mes sœurs et mes frères, nous l’avons entendu dans la liturgie de la Parole : le prophète Elie aide le petit Samuel à discerner l’appel de Dieu, à cultiver l’écoute intérieure : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1ère lecture). Quant à eux, Jean-Baptiste et André rendent Jésus désirable, ils donnent aux autres l’envie de le suivre. Et toi, qu’est-ce qui a permis ta rencontre avec Jésus-Christ ? Dès lors que personne n’est chrétien de naissance, dis-moi : en ce qui te concerne, qui t’a appris et t’apprennent encore aujourd’hui à connaître et à aimer Jésus ? Serait-ce tes parents, tes catéchistes, ton curé, ton professeur de religion, tes lectures, tes balades en solitaire, les paysages de la nature, ton groupe de partage biblique … ?
Pour les deux disciples de la page d’Evangile d’aujourd’hui, c’est la parole de Jean le Baptiste qui a déclenché, éveillé leur démarche de foi. Voyant Jésus qui vadrouille dans les parages, Jean s’écria : « Voici l’Agneau de Dieu ! » Cela a fait tilt chez les deux disciples : cette allusion renvoie au temple où l’on immole matin soir un agneau pour le pardon des péchés du peuple de Dieu. Déjà, en Jésus, ils pressentent le Sauveur consacré sur qui repose l’Esprit Saint, le Sauveur oint promis à sacrifier sa vie par amour pour enlever les péchés du monde… Je n’ai donc pas à culpabiliser tant mes péchés sont d’ores et déjà pardonnés grâce au Sang de l’Agneau de Pâques !…
Et quelle fabuleuse rencontre ! Conquis et séduits, les deux s’avancent vers Jésus, qui se retourne et leur dit : « Que cherchez-vous ? « , telles sont les premières paroles de Jésus dans l’évangile de Saint Jean (1, 38), adressées du reste à tout disciple en questionnement. Par cette question, les deux disciples se découvrent en fait « cherchés » par Jésus… Car c’est lui qui a pris l’initiative en allant rôder à l’endroit où ils étaient. Tu le cherches, tu t’y attaches, mais c’est lui qui te cherche, t’aime le premier.
Réponse des disciples : « Maître, où demeures-tu ?« . Nous voulons te fréquenter – Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ! -, te connaître davantage, habiter chez toi, découvrir la vérité qui t’habite. Et Jésus de leur dire : « Venez et voyez » (v 39). Cette parole évangélique suscite la soif, l’appétit de la découverte. Jésus veut créer l’effet de surprise car l’homme surpris est à moitié pris ! Il ne fait pas le propagandiste qui cherche à convaincre à tout prix et de force ; et moins encore le publiciste qui harcèle, manipule. Loin de tout prosélytisme, il n’impose rien, juste propose-t-il ! Il tient absolument à l’adhésion libre et consentie. Dans la foi, il y a des choses qui ne se démontrent pas, elles se vivent simplement. A chacun d’en l’expérience et de se faire sa propre opinion. La foi n’est pas d’abord une doctrine à prouver, une question de dogmes ou une morale, c’est un abandon, autrement dit une confiance née de sa relation personnelle, intime avec Dieu… « Venez et voyez » : loin de faire l’étalage de sublimes discours et de beaux axiomes, Jésus renvoie aux actes, au témoignage, le levier le plus convaincant et le plus séducteur. La meilleure homélie, n’est-ce pas une vie chrétienne exemplaire ?
Eurêka!, dira André à son frère Simon : j’ai trouvé, nous avons rencontré le Messie ! C’est le même cri d’allégresse du poème d’amour du livre de Cantique des Cantiques : « Au long des jours, au long des nuits, je cherchais celui que mon cœur aime. Je l’ai rencontré, je l’ai trouvé, je l’ai saisi, jamais plus je ne lâcherai ! » (Ct 3, 1-4).
Alors André amène son frère Simon à Jésus. Sous le regard pénétrant, envoûtant, insistant de Jésus, Simon s’est senti enveloppé de tendresse, de paix et d’assurance. Jésus lui dit : « Tu t’appelleras dorénavant Pierre« . Changement de nom, changement de mission, Pierre sera le fondement de son Eglise qui console, relève, pardonne et guérit.
Aujourd’hui encore, la question posée par Jésus reste d’une brûlante actualité : « Que cherches- tu ? ». A chacun, chacune d’y répondre.
Autre considération à relever : c’est André qui a amené son frère à Jésus. Et toi, gardes-tu pour toi seul ta découverte de Jésus-Christ ou, grâce à l’attraction de ton témoignage, conduis-tu tes frères et sœurs à Jésus ?
Vital Nlandu, votre curé-doyen

