Se laisser toucher par Jésus-Christ

Homélie du 13ème dimanche ordinaire

Lectures : Sg 1, 13-15; 2, 23-24; Ps 29; 2 Co 8, 7.9. 13-15; Mc 5, 21-43

Mes sœurs et mes frères, le rendez-vous eucharistique de ce dimanche nous permet de mesurer une fois de plus la puissance de notre foi. « Ne crains pas » dit Jésus à Jaïre, « crois seulement ! « . L’expression « ne crains pas » revient 365 fois dans la Bible, pour rappeler que c’est chaque jour que Dieu nous exhorte à ne pas être le jouet de nos peurs.

Puisqu’elle alarme, affole, inquiète, la peur inhibe nos ambitions, notre épanouissement ; elle porte atteinte à notre liberté et à la confiance en soi et aux autres. C’est l’antidote de la foi.

La 1ère lecture et l’Evangile évoquent la mort. Il y en a qui n’aiment pas en parler ou carrément qui en font le déni. Pourquoi ? Sans doute parce que dans certaines circonstances, la mort est affreuse, cruelle. Elle arrache à la vie, ravit les gens à l’affection des leurs … La mort peut être un vide, une béance qui crie le manque. Les expressions comme « A nos chers disparus« , « J’ai perdu un être cher…  » en disent long ! Et pourtant, la mort est bien omniprésente, il convient d’en parler d’autant plus qu’elle peut nous inspirer une sagesse de vie. Pour Mathieu Richard, « Il existe 2 types de fous : ceux qui ne savent pas qu’ils vont mourir et ceux qui oublient qu’ils sont en vie ! « 

Notre finitude biologique est tout à fait naturelle, elle est inscrite dans nos gènes : un jour on naît, on devient enfant, adolescent, adulte ; et puis viennent l’usure, la vieillesse, pour finir par la mort. Telle est notre destinée. Elle est entièrement normale, ordinaire puis-je dire, mais en même temps extra-ordinaire dans la mesure où notre vie, ta vie est elle-même une parabole, c’est-à-dire un chemin spirituel où l’on retrouve les traces du Ressuscité…

Nous connaissons désormais la conception de Jésus de notre mort biologique. La fillette vient de mourir et on l’entend dire : « L’enfant n’est pas morte : elle dort« . Il a prononcé les mêmes paroles à la mort de Lazare : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais aller le réveiller » (Jn 11, 11). Ces paroles ont une saveur pascale : pour Jésus, la mort est un endormissement, un sommeil en attente de réveil, un passage vers l’autre versant, l’autre rive de la vie.

Ce qu’il faut redouter à mon avis, ce n’est pas la mort bio-physiologique au demeurant inéluctable, mais la mort spirituelle qui est perdition et anéantissement total. C’est la séparation éternelle avec Dieu (Mt 25, 41 ; Lc 16, 19-31). On y remédie par la renaissance spirituelle (Jn 3, 3-5), la reconnexion à la source de la vie (Jn 15, 1-6). Le Dieu de vie n’agrée pas la mort spirituelle, il a créé l’homme à l’image de son immortalité bienheureuse (1ère lecture). Quand nous célébrons l’espérance chrétienne, nous affirmons l’intime certitude qui nous donne à croire que notre avenir est en Dieu. La foi en Jésus Ressuscité est la source de vie qui triomphe de la mort : « Ne t’ai-je pas dit » disait Jésus à Marthe,  » que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?  » (Jn 11, 40). A sa mort, Thérèse de Lisieux dit : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie« .

Je suis admiratif de la foi de Jaïre dans l’Evangile qui espère contre toute espérance. Il tombe aux pieds de Jésus, en signe d’humilité, d’adoration, d’abandon et de confiance… Saisissant alors la main de l’enfant – le toucher, n’est-ce pas un puissant geste « électromagnétique » de tendresse et de bénédiction, qui transmet la chaleur de la vie ? -, Jésus lui dit en araméen, sa langue maternelle : « Talitha koum » (« Jeune fille, lève-toi »).

Dans ma prière de cœur, je demande souvent à Jésus de me toucher par son Esprit, la brise légère qui berce et rafraîchit ; qui transmet sa vie, fait rebondir et guérit toute blessure.

Aussitôt, la jeune fille se leva, marcha et Jésus demande qu’on lui donne à manger. L’être vivant se sustente…, le baptisé se nourrit à la table eucharistique. Nous y sommes, merci Seigneur !

                                                                                Vital Nlandu, votre curé-doyen

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