Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire B : Témoins de l’Evangile
Lectures : Am7, 12-15; Ps 84; Ep 1, 3-13; Mc 6, 7-13
Mes frères et mes sœurs, c’est un devoir moral : celui qui a rencontré le Christ ne peut pas le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. « Malheur à moi si je n’annonce l’Evangile » (saint Paul). Et le messager de la Parole de Dieu est un envoyé. Envoyé où ? Au chantier de Dieu, qui est ce monde, sa famille, son lieu de travail, son UP… A chaque fin de messe, en effet, nous sommes envoyés en mission : Ite, missa est (Allez, c’est la mission) ! La mission est une saisissante révélation intérieure de ce que Dieu veut que j’accomplisse – cela requiert au préalable un discernement éclairé – avec les dons, les talents, les aptitudes, bref tous ces trésors qui grouillent au fond de moi, les bénédictions dont il m’a comblé en Jésus-Christ (2ème lecture). En effet, chaque être humain est doté d’une mission à remplir sur cette terre. Alors, dis-moi : quelle est ta mission, ta raison d’être aujourd’hui ?
Cependant, toutes nos missions tendent vers un seul but : l’amour. C’est ce qu’insinue sainte Thérèse de Lisieux lorsqu’elle dit : « J’ai compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout « .
La page d’Evangile fait état de la 1ère tournée missionnaire des apôtres. Jésus leur donne trois consignes précises :
*Aller en duo, deux par deux. Pas seulement parce que selon le droit juif, un témoignage n’est valable que s’il est attesté au moins par 2 témoins, mais aussi et surtout pour l’efficacité de la mission. « L’union fait la force » (devise du royaume de Belgique). Dans le management, on parle du partenariat, du travail intersectoriel, des synergies… Je renvoie ici au synode sur la synodalité avec ses 3 axes : communion, participation et mission. Nous sommes ainsi appelés à marcher ensemble en promotionnant le travail en équipe, la concertation, le concensus… Les ouvriers du chantier de Dieu se soutiennent mutuellement. Ils ont la même compréhension de la mission. Même dans l’adversité, ils font cohésion.
*Jésus conseille une diète spirituelle : la sobriété heureuse ! Il faut se dépouiller, se détacher pour garder sa liberté intérieure par rapport aux biens matériels. « Ni pain, ni sac, ni argent » : la tentation de notre société de surconsommation, n’est-ce pas le goût d’emmagasiner des choses en trop et inutiles, d’accumuler du superflu ? Il n’y a pas d’éveil spirituel sans pauvreté de cœur ! Voilà pourquoi on se prépare à célébrer la pâque chrétienne par le carême-jeûne. Il y en a qui choisissent de faire l’expérience du désert pour se reconstruire et se ressourcer, le désert étant un incubateur de sanctification de soi. Seuls 2 objets sont permis : un bâton de pèlerin et des sandales, pour faciliter la marche.
*Se laisser accueillir. Mais si l’on vous refuse l’hospitalité, autrement dit si la Bonne Nouvelle est rejetée, comme c’est le cas du prophète Amos (1ère lecture : « Va-t’en d’ici avec tes visions« ), il faut, sans rouspéter ni harceler les gens, « secouer la poussière de ses pieds« , couper court et partir … !
Il est clair que toutes ces consignes renvoient plus non pas à une manière de faire, mais d’être. Nous n’avons pas à vendre un message, mais à en témoigner. Le témoignage évangélique est un must pour remplir la mission qui nous est assignée : convertir les gens (les aider à avoir un regard tout autre), chasser les démons (lutter contre les injustices humainement insoutenables, combattre les forces du mal) et guérir les malades (soigner les blessures qui piquent et esquintent les gens de l’intérieur).
Christ aujourd’hui nous appelle ; Christ aujourd’hui nous envoie !
Vital Nlandu, votre curé-doyen

