Homélie du 16ème dimanche ord. B : De l’hygiène de vie
Lectures : Jr 23, 1-6 ; Eph 2, 13-18 ; Mc 6, 30-34
Mes sœurs et mes frères, les choix de notre style de vie influencent à coup sûr notre bien-être physique, moral et spirituel. Dimanche dernier, Jésus a envoyé ses disciples en mission avec des consignes claires et précises : ils doivent travailler en équipe. Quand les coéquipiers se soutiennent, le rendement est meilleur. Il leur faut une diète spirituelle : le détachement, la sobriété heureuse. Qu’ils prêchent la conversion, le changement du regard sur eux-mêmes, sur les autres, sur la nature et sur Dieu. Et enfin, qu’ils guérissent, c’est-à-dire qu’ils réconfortent les gens, l’Evangile étant un antidote sûr contre le désespoir. Jésus les a d’ailleurs prévenus : certaines personnes les enverront bouler, tandis que d’autres leur feront bon accueil.
Après cette expérience de premier stage missionnaire, dans la page d’Evangile de ce dimanche, l’heure est au débriefing. En effet, le suivi de tout projet, y compris pastoral, requiert après son élaboration et sa réalisation, un temps d’évaluation, pour tirer des leçons de succès ou d’échec. Sur ce, Jésus les convie dans un endroit désert, avec comme disposition à respecter, l’hygiène de vie : se (re)poser ! Il y a un seuil de surcharge pastorale, professionnelle, de responsabilité familiale, de bénévolat ; un point critique de tension nerveuse, de stress à ne pas dépasser, sinon c’est le clash, l’exténuation, le surmenage !
Chers amis, le temps pour soi, le silence, le ressourcement, la détente sont devenus des luxes en nos jours. Nous courrons tous après le temps, tourneboulés par un tourbillon de tâches à accomplir. Et puisque tout excès nuit, que trop tendue, la corde casse, les conséquences ne se font pas attendre. On coule dans le burn-out (syndrome d’épuisement professionnel). Rompus de fatigue et tellement tiraillés de l’intérieur, on devient irascible, démarrant au quart de tour pour un rien. L’intelligence émotionnelle se volatilise, on bousille ses relations… Les couples se disloquent : plus de moments de qualité, d’écoute, de complicité, d’émerveillement. On se ferme au dialogue. Quant à l’éducation des enfants, on baisse les bras: on ne sait plus suivre, on se fiche de la tendresse et de la présence dont ils ont tellement besoin… La foi elle-même est mise au rancard : quand l’intimité avec Dieu dépérit, demain on dira qu’il n’existe pas !
En fait, à quoi sert-il de gagner les honneurs, les richesses du monde entier si c’est au prix de sa santé, de sa vie, de ses relations, de sa famille, de sa foi ? On devrait peut-être y penser !
En tout cas, il est urgent d’apprendre à prioriser, à distinguer l’accessoire de l’essentiel, le désir du besoin. Aussi excitant et enivrant soit-il, le désir est impermanent, le besoin demeure fondamental. Que peut-on faire sans argent, m’a-t-on demandé un jour ? Ma réponse : tout ce qui est important …, que l’on ne sait ni vendre ni acheter !
Vital Nlandu, votre curé-doyen

