Homélie du 22ème dimanche B :
Lectures : Dt 4, 1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1, 17 s; Mc 7, 1-23
Mes sœurs et mes frères, la Parole de Dieu de ce dimanche concerne chacun de nous : arrête ta comédie des apparences ; arrête de te mentir à toi-même, de tricher avec Dieu, sois cohérent avec ta foi ! Deviens toi-même, sois libre, passe à travers les mailles du filet de clichés, sors de la détention de tes masques, de la prison du regard des autres (« qu’est-ce qu’on va penser de moi ? » … comme si tu avais besoin de la validation des autres pour avoir le droit de vivre). Choisis le chemin qui correspond à ce que tu es. Ici comme ailleurs, Jésus stigmatise notre hypocrisie.
En effet, la personne hypocrite n’est pas sincère, elle paraît ce qu’elle n’est pas ! Elle se déguise, porte des masques pour escamoter sa vraie identité. Souvenons-nous de notre réponse quand on demande comment nous allons. « Oui, je vais bien » avec un petit sourire et, ce, même si on a des soucis de couple, de santé ou d’argent. On ne déballe pas nécessairement ses ennuis par pudeur ou par fierté. On veut se montrer sous un jour meilleur pour ne pas alarmer l’autre. C’est indéniable, le mensonge est un stratagème que souvent nous utilisons …
« Malheur à vous, hypocrites ! » dira Jésus, » Vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux à l’extérieur mais qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements et de toutes sortes de choses pourries » (Mt 23, 27). Il fustige ainsi la discordance entre notre cœur et nos actes. Par exemple : nous sommes à la messe dominicale et notre cerveau toujours en ébullition, voltige : nous pensons déjà au dîner, à notre programme de l’après-midi ; il y en a qui sont en train de compter le temps que le prêtre prend pour son homélie ! La Parole d’Evangile de ce jour ne s’applique-t-elle pas à nous : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est ailleurs » ?
Jésus est aux prises avec les pharisiens et les scribes, spécialistes intransigeants de la religion juive, traditionnalistes hargneux qui veillent à ce que les prescriptions rituelles soient scrupuleusement respectées. Certes, c’est bon de se laver les mains avant les repas en termes de prévention sanitaire primaire. Lors de la pandémie de la covid 19, nous en avons tous saisi l’importance. Rincer les coupes, le calice après une messe est une précaution d’hygiène… Il faut respecter la culture des autres, car même s’il doit s’ouvrir à la mer, le fleuve reste fidèle à sa source. Les juifs interdisent de manger la viande de porc, la viande non saignée (Lv17, 10); ils obligent la circoncision, exigent la loi du sabbat…Tant mieux pour eux. Cependant, la question fondamentale posée est celle-ci : à quoi sert-il de se réfugier derrière les rites ; à quoi sert ce formalisme religieux; pourquoi comme un robot, répéter « mécaniquement » les mêmes gestes, si ton cœur dur comme pierre ne se convertit pas ? Pour Jésus, ce qui souille l’homme, ce n’est pas ce qu’il mange ou encore ce qui est extérieur, mais ce que lui dicte sa conscience. Le mal est en nous ! La valeur spirituelle de chacun dépend de son cœur, source de toute moralité. Une illustration : un marchand a des ballons de toutes couleurs qui montent vers le ciel. Un enfant africain lui demande si un ballon noir est aussi capable de s’envoler. Réponse : ce n’est pas la couleur extérieure qui le fait voler, mais ce qu’il y a dedans ! L’essentiel, ce n’est pas la pureté des mains ou des coupes, mais la pureté de cœur. « Le règne de Dieu » dit saint Paul, « ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par l’Esprit Saint » (Rm 14, 17).
La 2ème lecture est claire à ce sujet : il ne faut pas manipuler, instrumentaliser la Parole de Dieu au profit d’un appareil religieux, la véritable manière de pratiquer la religion, c’est d’essayer de trouver l’équilibre entre la prière et la charité, entre la vie spirituelle et l’engagement social : se mettre à genou et laver les pieds des faibles, être à leur service. Dans cette optique, la parole de Yahvé dans le livre du prophète Osée est nette et précise : « C’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices » (Os 6, 6). Jésus abonde dans le même sens dans l’épisode du Jugement dernier : c’est sur l’amour que nous serons jugés (Mt 25).
Mes sœurs et mes frères, l’Evangile de ce dimanche vient à point nommé en cette rentrée pastorale où, selon les disponibilités et la générosité de chacun, nous proposons une panoplie de services à rendre pour la gloire de Dieu et le bien des hommes : la catéchèse, le secrétariat paroissial, la visite des malades, l’attention à nos aînés, aux enfants en difficulté scolaire … A chacun d’apporter sa pierre à l’édifice de l’œuvre de Dieu chez nous.
Vital Nlandu, votre curé-doyen

