La grandeur du service

              Homélie du 29ème dimanche ord B : la grandeur du  service

                        Is 53, 10-11;Ps 32;  Hb 4, 14-16; Mc 10, 35-45

Mes soeurs et mes frères, les disciples de Jésus nous étonnent toujours ! Une fois de plus, leur Maître leur annonce qu’il va mourir… Pensez-vous qu’ils s’en soucient seulement ? La notion du Messie souffrant pendu sur le bois de la Croix ne passe pas ;  ce n’est pas inscrit dans leur  schéma mental. En effet, en Mc 9, 34, alors que Jésus aborde le même thème,  ses disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand. Aujourd’hui, c’est Jacques et Jean,   fils de Zébédée qui,  à leur tour,  adressent à Jésus une requête pour avoir obtenir des places privilégiées dans sa Gloire. Cela scandalise les autres apôtres… 

Mais ces hommes ne nous ressemblent-ils pas ? Souvenons-nous de notre obsession à soigner notre amour-propre, ce sentiment intime que nous avons de notre propre valeur. Souvenons-nous de notre manie d’impressionner parfois pour être vus, entendus, admirés, félicités. Somme toute, qui souhaiterait passer sa vie dilué dans l’anonymat; qui n’aime pas être reconnu et valorisé ? Certains compliments, faveurs et considérations ne dérangent pas nécessairement. 

En outre, comme l’a souligné la dernière enquête diocésaine sur la synodalité, une des faiblesses cléricales est  le goût du pouvoir, avoir de l’ascendant,  surtout quand on parle, ou on croit parler,  au nom de Dieu. Et pourtant, pour  Jésus, « il ne doit pas en être ainsi« . L’autorité en générale, celle des curés, des parents, des enseignants …  n’est pas un prestige, c’est plutôt un service. Et il y a un prix à payer : donner sa vie, se sacrifier pour le bonheur des autres. Le serviteur  authentique et libérateur s’use à nettoyer le Monde comme le savon; il s’épuise à les  éclairer comme la bougie. 

Dans l’intelligence de la page d’Evangile de ce dimanche, il ne s’agit pas de se déprécier,  de s’éteindre, de se dissiper ou encore de ne pas nourrir des ambitions tout à fait légitimes dans sa vie, mais de s’effacer,  d’éviter de se mettre immodérément en avant, autrement dit d’être humble. Pour André Comte-Sponville, la personne humble a « le sentiment de son insuffisance« . Aussi, loin de se  targuer de ses talents qui, du reste, ne sont que des instruments au service des autres et du Règne de Dieu, elle aime apprendre des autres en s’émerveillant de leurs différences…

Comment peut-on prétendre être disciple d’un Crucifié et vouloir en même temps snober et dominer les autres ? Notre vraie valeur, c’est de ressembler à Jésus doux et humble de cœur, qui offre sa vie  pour la libération et le salut des hommes. 

Parlant des rapports interpersonnels,  saint Paul exhorte de rechercher la concorde par la reconnaissance de la valeur de l’autre. Il écrit : « Ne faites rien par esprit de parti, par vaine gloire ou désir inutile de briller, mais avec humilité, que chacun estime les autres supérieurs à soi. Ne recherchez pas vos propres intérêts, mais que chacun de vous pense à l’intérêt des autres » (Phil 2, 3-4). 

Et comme le dit le pasteur Martin Luther King, « tout le monde peut servir, on n’a pas besoin d’un diplôme universitaire pour le faire« . Ce qu’il faut sans doute,  c’est la passion, le dévouement, le respect pour l’humain; la solidarité avec ses sœurs et frères en humanité; bref avoir l’âme d’un bienfaiteur qui ne se prévaut guère. 

                                                                     Vital Nlandu, votre curé-doyen

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