Tolérance, accueil des différences

                26ème dimanche ord B : Tolérance, accueil des différences

            Lectures : Nb 11, 25-29 ; Ps 18 B ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43. 45. 47-48

Mes sœurs et mes frères, la Parole de Dieu nous instruit des valeurs du Royaume. Celle de ce dimanche épingle un fléau tout particulier qui tue notre vivre ensemble, à savoir : le sectarisme, l’esprit de chapelle. Et ce thème est bien d’actualité puisque dans deux semaines, les élections communales nous donneront l’occasion d’élire les femmes et les hommes mandatés pour assurer notre vivre ensemble. 

Dans la 1ère lecture reprise dans la liturgie des ordinations, Moïse ne sait plus porter tout seul l’énorme charge pastorale lui dévolue.  Aussi va-t-il travailler en équipe avec 70 anciens choisis. Pour ce faire, le Seigneur leur donna en partage l’Esprit qui reposait sur Moïse. Aussi, les 68 anciens présents sous la tente se mirent à prophétiser. Or, les deux autres, Eldad et Médad, pourtant absents, se mirent eux aussi, comme les autres, à prophétiser.

 Alors, Josué, fidèle serviteur de Moïse, piqua une crise de jalousie. Il n’hésita pas de manifester son mécontentement à Moïse. Ce dernier lui reprocha son intransigeance et son étroitesse d’esprit : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » Oui, notre Dieu est le Dieu de grands espaces, son Esprit ne s’enferme pas dans des rites ; il n’est soumis au contrôle d’aucune institution. Il souffle quand et où il veut ; personne n’en a le monopole ni n’en dispose à sa guise. 

Le même intégrisme religieux se profile dans l’Evangile. Le disciple Jean fait remarquer à Jésus qu’ils ont vu quelqu’un, qui n’est pas de leur groupe, faire des miracles en son nom.
Ils l’en ont empêché. Pour Jean, seuls les membres de leur groupe sont détenteurs de la vérité, tous ceux qui ne sont pas de leur bord doivent être muselés, rejetés…
L’esprit de sectarisme recèle un gros potentiel de dangerosité : il suscite la xénophobie, le racisme, la discrimination, le mépris des autres, mais aussi l’entre-soi et le repli dans un ghetto idéologique. Jésus qui soutient plutôt l’approche inclusive et l’ouverture d’esprit dira à ses disciples : « Ne l’en empêchez pas ! « . 

Les amis, dans une société philosophiquement, spirituellement et culturellement plurielle comme la nôtre, la tolérance, c’est-à-dire le respect de la manière de penser et d’agir différente de la sienne, est un liant social, une vertu cardinale à sauvegarder à tout prix. Elle favorise la complémentarité des libertés, la recherche du consensus et de la paix. Pour Paul Ricoeur, « La tolérance n’est pas une concession que je fais à l’autre, elle est la reconnaissance du principe qu’une partie de la vérité m’échappe« . C’est pour lutter contre le fanatisme religieux et soutenir l’accueil des différences qu’en octobre 1986, le pape Jean-Paul II a invité dans la cité de saint François à Assise, 150 responsables représentant une douzaine de religions pour que chacun prie, dans la tradition de ses croyances, pour la paix dans le monde. De même, le pape Benoît XVI a été un fervent défenseur du dialogue interreligieux. On l’a vu en Turquie entrer déchaussé dans une mosquée. Le pape François, notre hôte en Belgique ce week-end, n’est pas en reste : il arpente le monde avec la même politique de la main tendue aux autres religions et le respect de la diversité culturelle des peuples. 

Mes sœurs et mes frères, et si l’amour était le plus fort ! 

Aux yeux de Jésus, les querelles partisanes d’appartenance à telle ou à telle autre obédience spirituelle n’a aucune espèce d’importance. L’essentiel, c’est le bien à faire. On n’a pas besoin de présenter son passeport ou sa carte de baptême pour faire le bien. Ce qui doit nous unir dans nos différences, y compris dans nos divergences parfois légitimes, c’est notre engagement dans la lutte contre le mal. Et là, Jésus est radical : « Coupe ta main, ton pied, arrache ton œil si jamais ils t’entraînent au mal qui fait scandale ! « 

Il est vrai que, comme le disait Jean-Paul II, si nos cœurs se laissaient flamber par l’amour de Dieu, nous mettrions le monde entier en feu … un incendie d’amour ! 

                                                                 Vital Nlandu, votre curé-doyen

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