Homélie du 34ème dimanche ord :
Lectures : Dn 7, 13-14 ; Ps 92 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33b-37
Chers amis, les arbres perdent leurs feuilles, les jours s’assombrissent, les gelées sont présentes ; les gants, les écharpes, les bonnets et les manteaux sont sortis des garde-robes… L’ambiance des fêtes de fin d’année se fait déjà sentir !
C’est dans ce climat que nous célébrons en ce dernier dimanche de l’année liturgique B, la solennité du Christ-Roi de l’Univers. Cette fête a été créée par le pape Pie XI en 1925, au moment où l’aiguillon des effets ravageurs de la Grande Guerre piquait encore. Evidemment, le titre « Roi de l’Univers » paraît, à bien des égards, ronflant ! Cela fait par exemple penser aux intrigues de conquête de pouvoir dans le but de parader, de s’enrichir, de snober ou encore d’écraser les autres. En fait, le pape Pie XI tenait à rappeler ceci à celles et ceux qui détiennent un mandat de gestion ou de direction à quelque niveau que ce soit : ta mission n’est pas un passe-droit entaché de tes rêves de toute-puissance, elle consiste plutôt, à l’instar du Christ-Roi, à te mettre à genoux pour laver les pieds des autres. C’est un service que tu as à remplir de manière simple, sans faste ni tralala ; un ministère que tu as à exercer pour ouvrir à chacun.e un horizon, un chemin de liberté, de bonheur et d’épanouissement.
On peut également se demander pourquoi la fête de Christ-Roi de l’Univers est célébrée à la fin de l’année liturgique ? C’est parce que par son concept même, elle fait la synthèse du mystère du salut : Jésus-Christ, l’alpha et l’oméga (2ème lecture), devient Tout en tous : il a pris place, il règne désormais dans les cœurs de celles et de ceux qui lui font confiance, accueillent son amour ! Sa royauté n’a nullement de consonance politique, il est un « Roi de cœur » qui, loin de tout apparat, de toute propagande ou de toute moralisation, se propose d’instaurer dans nos cœurs, dans nos maisons, dans nos UP, nos lieux de vie et de travail, son règne d’amour, tout entier bâti sur le témoignage de la vérité, la paix, la bienveillance, le service…
Dans l’Evangile, saint Jean décrit le simulacre de procès de Jésus devant le gouverneur Pilate. Ce dernier l’interroge sur sa véritable identité. Pour beaucoup d’auteurs, c’est par dérision qu’il demande à Jésus s’il est roi, non dans l’absolu, mais le « roi des juifs« . Là, il se moque carrément des juifs avec leur figurant, ce roi en lambeaux. Dans la foulée, il s’est certainement rendu compte de l’impertinence du chef d’accusation : comment quelqu’un sans arme, ni armée pouvait-il être un conspirateur politique ayant l’intention de déstabiliser le pouvoir romain ? Pilate tenta alors de prononcer un non-lieu en faveur de l’accusé, mais sous pression populaire et pour sauvegarder sa carrière politique, il a décidé de contenter le peuple en leur livrant quand même Jésus. C’est devant lui que Jésus déclarera et nous l’apprenons, que sa royauté n’est pas de ce monde. Effectivement, sa griffe royale est étrange : un roi né dans une étable, apprenti menuisier, qui n’a pas un coussin où reposer sa tête ! Un roi bafoué, giflé, couronné d’épines, dénudé, crucifié sans une garde pour le défendre ! Un roi dont la seule loi est la Miséricorde : » Là où les hommes voient naturellement une faute à condamner et à punir, Lui voit tout d’abord une détresse à secourir » (Eloi Leclerc).
Je précise que si « le Roi de l’Univers » accepte cette humiliation dans la dignité, c’est pour rester cohérent avec lui-même et sa Bonne Nouvelle : on ne sait pas aimer en vérité sans « kénose« , sans dépouillement, sans sacrifice, autrement dit sans mourir à soi-même.
Cher ami, chère amie, quel est le clin d’œil que Dieu te fait à l’aube de l’Avent ? Il te demande de faire la vérité, de rendre compte de ton engagement de foi : le Christ règne-t-il vraiment, prime-t-il dans ton cœur? Es-tu encore capable de te faire serviteur pour régner avec lui ? Il est l’Agneau, le Pasteur; il est le Roi, le Serviteur !
Vital Nlandu, votre curé-doyen

