Témoins d’espérance !

Homélie du 19ème dimanche ord C : Témoins d’espérance !

Sg 18, 6-9 ; Ps 32 ; Hb 11, 1-2. 8-19 ; Lc 12, 32-48

Mes sœurs, mes frères, au banquet quotidien de la Parole de Dieu, nous sommes spirituellement nourris même si parfois nous avons l’impression de ne pas avancer, de ne pas obtenir des résultats tangibles. C’est comme un escalier en colimaçon : ce n’est pas parce qu’on croit tourner en rond qu’on fait du sur place : non, on monte ! La Parole  nous façonne et comme sacrement, présence vivante de Dieu, elle nous sanctifie !

Au cœur de l’été, la page d’Evangile de ce jour est une des révélations les plus bouleversantes de la Bible. Jésus nous révèle avec une tendresse rassurante  que le Père a décidé de nous donner un trésor inestimable, inépuisable, une de ces bourses qui ne se vident jamais, à savoir le Royaume ! Ecoutons-le : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume« . Ce Royaume  n’est ni à vendre ni à louer; ce n’est pas non plus une récompense après un examen ou due à un mérite : c’est un don gratuit, préparé, promis par Dieu à ses enfants (Mt 25, 34).

Et tout de suite après, Jésus nous invite à placer notre cœur, notre principale préoccupation là où se trouve ce trésor, c’est-à-dire à investir dès aujourd’hui dans  les biens et les valeurs du Royaume : l’amour, la paix, la bienveillance, la tolérance, la relation avec soi-même, avec les autres, avec la nature et avec Dieu. Ce sont des biens que ni la rouille, ni les voleurs, ni le temps ne peuvent détruire.

Chers amis, nous le savons désormais : par notre foi, nous sommes destinés à avoir part à la gloire de Dieu ; nous sommes porteurs de la promesse divine d’hériter du Royaume. L’attente de la  réalisation de cette promesse qui, du reste, n’est pas une fuite du réel, s’appelle  « espérer« . Et ce qui nourrit et fonde notre espérance, c’est cette certitude absolue, la conviction intérieure qui nous habite : « Dieu reste fidèle à ses promesses; il tient parole, il ne ment pas !  » (Hb11, 11)… Même si je ne comprends pas tout, même si la tournure de certains événements me déroute, même devant l’apparente absurdité, je sais en qui j’ai mis ma foi (Scio cui credidi : 2 Tim 1, 12) : c’est en Jésus le Christ qui m’aime inconditionnellement et qui ne me veut que du bien !

Nous l’enseignons depuis le début de cette Année Sainte, l’espérance est bien différente de l’espoir. L’espoir est humain, il tourne parfois en désillusion, il peut être fallacieux. Mais l’espérance chrétienne est divine, elle ne déçoit pas (Rm 5, 5). C’est elle qui a animé la vie d’Abraham, le vagabond qui allait où Dieu le conviait sans en connaître la destination (2ème lecture). Sans carte ni GPS, il ne  marchait qu’avec comme boussole, sa confiance totale à la promesse. C’est elle, l’espérance,  qui a porté la Vierge-Marie à croire mordicus à la réalisation des promesses du Dieu de l’impossible. Les deux et tant d’autres ont marché dans la nuit de l’inconnu, guidés uniquement par la lumière intérieure de l’espérance, le feu sacré  qui ne dissipe pas nécessairement tout le noir, mais éclaire assez pour continuer à avancer.

Et qu’est-ce que cela signifie concrètement pour nous aujourd’hui en ce monde  d’inquiétude et de désespérance ? En chemin vers le Royaume, l’espérance chrétienne nous invite à être responsables, à nous engager à rendre le présent meilleur. Elle nous incite à anticiper dès aujourd’hui  le Royaume promis dans un esprit de service. « Restez en tenue de service » dit Jésus. Porter une tenue de service, c’est être prêt à assumer une mission ; et aussi accepter le regard des autres. Je suis témoin, pèlerin de l’espérance !

Alors, que le Seigneur nous donne, par le Saint Esprit, de choisir de mettre nos talents, notre temps, nos ressources au profit des autres ; qu’il nous donne la clairvoyance de considérer  les besoins des plus faibles comme  notre mission. Le plus grand des hommes, n’est-ce pas celui qui sert humblement, qui est utile aux autres, les rend heureux ?

                                                                                 Vital Nlandu, votre curé-doyen

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