Combien seront sauvés ?

          Homélie du 21ème dimanche C

       Lectures : Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; Hb 12, 5-7. 11-13 ; Lc 13, 22-30

Mes frères et mes sœurs bien-aimés dans le Christ, mon propos s’appuie sur cette question de salut éternel posée par « quelqu’un », un certain individu – et si c’était toi ! – dans l’Evangile de ce dimanche : « Combien seront sauvés ? » Selon saint Paul, Dieu voudrait bien que tous soient sauvés (1 Tim 2, 4). En tout cas, la 1ère lecture va dans ce sens. Yahvé dit : « Je viens rassembler les femmes et les hommes de toutes les nations, de toutes les langues. Ils viendront et verront ma gloire « . Et Jésus dans l’Evangile : « On viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi » Le texte consulaire Lumen Gentium – § 16 dit que le salut est donné à tous les hommes par une voie divine connue de Dieu seul… Tel est donc le dessein bienveillant de Dieu : le salut n’est pas réservé à une race, un peuple, une culture, une religion ou à une philosophie de vie : il est offert universellement.

Cependant, on peut s’interroger : si tout le monde est sauvé d’avance, pourquoi alors tant d’efforts pour tendre vers la sainteté ? Et en quoi la liberté de ceux qui refusent l’amour de Dieu, de ceux qui se ferment obstinément à l’appel de Dieu serait respectée ?

Dans la parabole du festin de noces, Jésus précise : « Beaucoup sont appelés mais peu élus » (Mt 22, 14). Et dans la page d’Evangile de ce dimanche, il relève le débat en amenant chacun à sa propre responsabilité. Il ne s’agit pas de connaître les statistiques ou le quota de ceux qui seront sauvés, mais de savoir comment être sauvé, car la promesse du salut n’est ni vague ni automatique. « Efforcez-vous« , dit-il avec insistance ! Le salut n’est pas une sinécure, on n’est pas sauvé sans une fidélité persévérante, sans combat spirituel. Voilà pourquoi saint Paul dira à la fin de sa vie : « Le moment de mon départ est venu, j’ai combattu le bon combat, je suis allé jusqu’au bout de la course et la victoire, c’est que j’ai gardé la foi » (2 Tim 4, 7) … Mes sœurs et mes frères, la sainteté ne signifie pas perfection, mais l’effort inlassablement soutenu de se convertir, de se relever puisque de temps en temps on tombe tous et d’avancer avec l’aide de l’Esprit Saint.

Aussi Jésus nous exhorte-t-il à nous efforcer d’entrer par la porte étroite. Cette métaphore, c’est pour que nous comprenions que la Bonne Nouvelle est exigeante et urgente. Il faut absolument une diète, un dépouillement spirituel.  Car quand on est obèse spirituellement, c’est-à-dire bourré d’orgueil, d’autosuffisance, encombré de fausses sécurités, de choses accessoires et superficielles, l’accès au salut se complique. Alors, force nous est de choisir : on ne peut pas continuellement servir deux maîtres à la fois, on aime l’un et on trompe l’autre.  Un jour, il faudra bien décider pour qui on veut vivre, à qui on veut se donner.  Beaucoup… et il y en a ici, ont opté de servir Dieu et l’Eglise. Félicitations à eux et continuez de vous laisser tailler comme la vigne pour donner de bons fruits…  

Chers amis, permettez-moi à présent de m’adresser à l’abbé Yves qui dit sa messe d’au revoir.  Cher Yves, après la communion, Benoît t’adressera un mot au nom de l’Equipe Pastorale et Denis au nom des catéchistes.  Merci pour ce que tu nous as apporté et appris, entre autres ta joie de vivre et ta disponibilité. Si tu te souviens, le 21 juin 2019, avant que tu ne t’installes à Malmedy comme vicaire, je t’avais parlé comme un aîné à son jeune confrère, à propos de l’attachement à Jésus-Christ. Pour moi, le prêtre est le sarment par excellence qui entretient avec Jésus, la vigne, une relation personnelle et profonde. En effet, un arbre ne saurait pas retrouver ses profondeurs nourricières s’il est déraciné. Sans cet attachement intime à Jésus, le prêtre devient creux, spirituellement vide. Ma prière pour toi et mon souhait, c’est que devenu aujourd’hui curé de l’UP de Bassenge, tu grandisses dans la connaissance, dans l’amour du Ressuscité et que tu ressentes en toi la puissance de l’Onction sacerdotale dont tu as été imprégné ; que la présence permanente du Dieu trinitaire en toi soit  un  besoin existentiel.

                                                    Vital Nlandu, votre curé-doyen

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