Homélie de  la fête de la Croix Glorieuse : passage du supplice à la victoire !

   

                      Lectures : Nb 21, 4b-9; Ps 77; Ph 2, 6-11; Jn 3, 13-17

Mes sœurs et mes frères, nous portons sur nous la Croix  et  nous la retrouvons dans nos maisons, nos voitures, les hôpitaux, les écoles, les cimetières, les lieux de prière, de célébration des sacrements…  N’est-ce pas un scandale, une folie d’avoir comme signe d’attachement, d’affection et de ralliement    à Dieu une Croix, qui est au demeurant un signe de mort, de malédiction (Dt 21, 23; Gal 3, 13), de condamnation, d’humiliation, d’échec d’une mission : « Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11) ?…  Oui, curieusement – et là se trouve  le mystère ! -, c’est sur la Croix que le Christ nous a sauvés ! Dès lors, la Croix qui, autrefois, était instrument du supplice, de la honte, est devenue par le Christ,  l’étendard du salut, qui  transforme la mort en vie, la nuit en aurore, les gouttes de larmes en éclats de diamant, en espérance !

La Croix est « glorieuse » parce que ce qui paraissait  une défaite (la mort de Jésus) s’est révélé la victoire définitive de Dieu sur les forces du mal et de la mort.  Répondant à la lettre d’un enfant zimbabwien de 10 ans qui, comme tant d’autres enfants de par le monde,  lui demandait  pourquoi les catholiques vénèrent la croix, le pape François  dit : « La croix est le lieu où Jésus a gagné, où il a remporté la victoire sur le mal et sur la mort… Le diable a perdu et c’est pour cette raison qu’il a peur de la Croix. Elle est le signe de sa défaite » (Livre : Cher Pape François –titre original : Dear Pope Francis,  Ed. Mama, 2017, p. 49). 

Saint Paul affirme : « Nous prêchons le Christ crucifié » (1 Co1, 23). Par la Croix,  Jésus s’identifie à notre humanité fragile, blessée et souffrante; il  traverse notre mort pour nous ouvrir le  chemin de la résurrection, de la vie éternelle. Aussi la Croix est-elle signe d’espérance, passage vers la gloire.  

Les amis, le mystère de la Croix glorieuse est d’une richesse inépuisable : il nous invite  à voir dans nos propres épreuves une participation au mystère pascal; et nous fait comprendre qu’on n’arrive pas à la gloire sans passer par la voie royale de la kénose, du dépouillement, de la mort en soi : nos petites morts quotidiennes faites de détachement et de renoncement à nous-mêmes, à nos prétentions et même à nos avantages légitimes.

La Croix est aussi la preuve suprême de l’amour de Dieu pour l’Homme car « Il n’y a pas d’amour plus grand que de donner sa vie pour la personne que l’on aime » (Jn 15, 13). Ainsi, chaque fois que tu fais un signe de Croix, rappelle-toi à jamais que tu es sauvé, aimé infiniment, gratuitement et sans condition.  A chaque eucharistie, nous célébrons en live, nous vivons ce don total et perpétuel du Christ, qui se donne en nourriture : « Ceci est mon corps livré pour vous; ceci est mon sang versé pour vous et la multitude« … Quand sur la Croix,  il étend ses bras, il embrasse toute l’humanité, il rassemble les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52) comme une poule rassemble ses poussins.

Somme toute,  la Croix glorieuse, c’est le cœur battant de notre foi, de notre fierté,  de notre assurance, de notre espérance. C’est le signe d’initiation chrétienne, de bénédiction, de protection, de sécurité dans le Christ Jésus.

Le 14 février 1858, à la grotte de Massabielle à Lourde, lors de son apparition à la petite Bernadette Soubirous,  la Vierge Marie sourit à l’enfant en faisant  le signe de la Croix.  Et après, quand on demandait à  Sainte Bernadette ce qu’il fallait faire pour être sûr d’aller au ciel,  elle répondait : « Bien faire son signe de Croix, c’est déjà beaucoup !« 

Alors, ne trace  jamais sur toi le signe de Croix comme si tu te débarrassais de mouches, de manière mécanique, en pilotage automatique,  sans concentration. C’est un geste puissant de délivrance, une source féconde d’amour. Ose fixer, ancrer tes yeux et ton cœur sur le Christ crucifié, tu auras la vie sauve (cf. 1ère lecture et Evangile) !…  Et puis, ne t’en dors pas, ne te réveille pas, ne quitte pas ta maison sans faire le signe de Croix. La Croix est la clé qui ouvre la porte,  c’est l’accès  au champ de grâces. Lors d’une séance de catéchisme, une enfant de 8 ans résuma joliment le signe de Croix : « C’est le numéro de téléphone de Dieu« 

                                                                        Vital Nlandu, votre curé-doyen

Cet article a été publié dans Homélies. Ajoutez ce permalien à vos favoris.