François, « jeteur de ponts » …


François d’Assise, avec qui nous continuons notre chemin amorcé en 2013, a été un merveilleux « jeteur de ponts »… Il n’a assurément pas volé le beau nom qui lui a été donné de Frère universel… Son entreprise de sans cesse créer des ponts ou de tenter de les restaurer a pris son départ dès sa conversion. On peut même dire, comme nous le verrons, qu’elle est le contenu concret de sa conversion, laquelle s’amorce de manière décisive par la rencontre avec le lépreux… : Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : comme j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé en douceur de l’esprit et du corps ; et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du siècle (cf. passage d’un monde à l’autre : passage de pont, ou de gué !) (Test. 1-3) …

L’entreprise de créer des ponts ou de tenter de les restaurer qui s’amorce à la conversion trouvera un sommet dans la rencontre que François aura avec le sultan d’Egypte, en 1219.

Initiative folle assurément que cette démarche de François auprès du sultan ! En l’année 1219 nous sommes en pleine cinquième croisade pour tenter de reprendre aux musulmans la ville de Jérusalem, et plus particulièrement le tombeau du Christ.

L’antagonisme entre musulmans et chrétiens atteint une violence inouïe tout à la fois par les anathèmes que les uns et les autres se jettent mutuellement à la figure et par l’affrontement entre les armées. Gwenolé JEUSSET écrit : Chaque camp faisait la guerre sainte, chacun prétendait défendre l’honneur de Dieu, chaque communauté formait une île. Dans ces conditions, une rencontre fraternelle était une utopie gigantesque : un océan séparait les deux îles ! (…) Avec des mentalités ainsi fermées sur elles-mêmes, islam et christianisme ne pouvaient que se heurter. La foi des uns et des autres était réelle, mais engoncée dans un système refusant tous les autres. Heureusement, une carte restait entre les mains de Dieu : les mystiques, fragiles et invisibles passerelles entre deux îles. (Saint François et le sultan, Albin Michel, 2006, pp. 23, 33).

Saint François et le sultan, par Gwenolé JEUSSET… Nous prendrons ce livre comme point de départ pour notre méditation de ces quelques jours. Je le citerai surtout au début, sans alourdir mon exposé par la mention des références, prenant d’ailleurs une certaine liberté par rapport à la littéralité du texte.

Votre curé, Henri Bastin

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