Il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » Bartimée (4)

– Il se mit à crier… Du fond de la nuit de Bartimée, un espoir fou s’est levé… Tout autant, on peut dire : du fond du cœur de Bartimée, un espoir fou s’est levé… Assurément, nous sommes mis ici en présence de cette supplication « de tout cœur » dont nous avons parlé… Un cri du cœur ! Un cri qui ne peut mentir ! Un cri « qui sent le vrai », comme on dit !…

Au Seigneur mon cri ! J’implore,
Au Seigneur mon cri ! Je supplie.
Je déverse devant lui ma plainte,
Ma détresse, je la mets devant lui,
Alors que le souffle me manque ;
Mais toi, tu connais mon sentier.

(Ps 142, 2-4)

 Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !… Dans le texte de Marc, en grec, nous avons : « Jèsou, éléison… Jèsou, éléison…»…

Nous sommes bien sûr renvoyés au Kyrie de nos eucharisties. J’ai le souvenir de ce que disait mon professeur de liturgie, à savoir que, dans les débuts de l’Eglise, le Kyrie éléison fusait de toutes parts dans la célébration comme un cri insistant et tumultueux. J’aime ici citer le Père Deiss : A la fin du Concile, la vague de la langue vivante a déferlé sur les plages de la liturgie avec une telle violence et une telle spontanéité qu’elle a balayé presque tous les textes en langue morte. (…) On peut relever cependant que le « Kyrie » (…) mérite de demeurer dans la liturgie. En effet, ce texte est, dans la messe, le seul texte  de la langue des évangiles : c’est l’humble prière des deux aveugles mendiant la lumière (Matthieu 9, 29), c’est l’imploration tumultueuse de Bartimée sur la route de Jéricho (Marc 10, 47-48), c’est la prière audacieuse de la Cananéenne pour sa petite fille (Matthieu 15, 22). La litanie du « Kyrie » est la litanie de la misère humaine implorant la pitié de Jésus sur les routes galiléennes. Ne peut-elle rester la litanie de notre misère sur la route de notre vie ? D’autre part, le « Kyrie » représente symboliquement la présence des Eglises d’Orient dans la liturgie romaine : c’est même la seule prière grecque que connaisse le peuple catholique. (La messe – Sa célébration expliquée, coll. Petite encyclopédie du christianisme, Desclée de Brouwer, Paris, 1989,  p. 30)

Cet article a été publié dans Le mot du curé, Lecture biblique. Ajoutez ce permalien à vos favoris.