Homélie du 3ème dimanche de Pâques B : Etre saisi d’étonnement !
Ac 3, 13-15.17-19; Ps 4; 1 Jn 2, 1-5a; Lc 24, 35-48
Chers amis, à partir de l’Evangile de ce dimanche, je comprends plus que jamais que Jésus-Ressuscité se joint à toi, à moi, à nous, simplement, sans tralala, dans la réalité de notre quotidien : dans nos rencontres, nos préoccupations, y compris dans les moments difficiles. Le psalmiste dit : « Beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que ton visage s’illumine !« … Aussi, pour que nous saisissions encore plus fort qu’il est avec nous dans l’ordinaire de chaque jour, le Ressuscité mange un morceau de poisson grillé devant ses disciples. S’il le fait, c’est pour nous dire qu’il bénit le fruit de notre travail, mais également, comme le souligne Martin Luther King, que la religion ne doit pas seulement s’occuper du ciel, mais aussi de la terre.
Jésus rend d’autant plus pragmatique la manière dont il parle à ses amis qu’il insiste sur la matérialité de sa présence et je le paraphrase : « Je vous invite à me regarder, à me toucher, à me palper … Ayez des informations à partir de vos sens, faites-vous des sensations … Dites-moi alors : après avoir scanné mon corps, que constatez-vous, que découvrez-vous ? N’est-ce pas que je ne suis pas un fantôme, une illusion, un produit de l’imagination, mais bel et bien quelqu’un avec qui on peut communiquer, rire, pleurer ; un être vivant, réel, rempli de vie nouvelle ? … Et là, que remarquez-vous ? N’est-ce pas que les perforations laissées par les clous, les marques de crucifixion demeurent ? Ces sillons, ces traces de mes plaies vives sont la mémoire de ma vie offerte, la passion de l’amour miséricordieux, inconditionnel, gratuit, éternel que je garde pour chacun de vous. Ceci dit, puis-je vous demander de ne pas garder cette fascinante révélation d’espérance pour vous tout seuls. Il est urgent pour vous d’être ces fervents témoins qui rapportez aux gens que je suis Vivant, Ressuscité ! L’Esprit Saint ouvrira dorénavant votre intelligence à la compréhension de la nouvelle lecture des Ecritures, à savoir : les interpréter à la lumière de ma Résurrection et vivre la Parole de Dieu en vous laissant traverser, submerger par la puissance mystérieuse, la force re-créatrice de cette Résurrection ».
Mes sœurs et mes frères, le kérygme (proclamation, annonce du contenu fondamental de la foi chrétienne) de Saint Pierre entendu dans la 1ère lecture est déjà l’application de la recommandation de Jésus dans la page d’Evangile : Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité; nous en sommes témoins. Dès lors, convertissez-vous et vous serez sauvés !
A propos de la conversion, je suggère que nous mettions le focus aujourd’hui sur le regard du cœur. En effet, Saint Luc écrit : « Dans la joie, les disciples restaient saisis d’étonnement » (24, 41). Les effets de leurs émotions de joie et de surprise sont tels qu’on voit leurs sourcils levés, leurs yeux écarquillés, leur bouche ouverte ! En tout cas, ils ne sont pas insensibles à ce qui se passe ! L’étonnement n’est pas seulement prélude à la philosophie (Aristote), il est aussi entrée en émerveillement, la clé qui ré-enchante la vie. « Apprends l’émerveillement » conseille le pape François, « cultive l’étonnement » (Octobre 2017). Cela veut dire : laisse-toi atteindre, toucher par la beauté des choses, le mystère, la magie, la splendeur de l’existence. Avec l’émerveillement, ta relation avec toi-même, en couple, en famille, avec tes amis, avec la nature, avec le Dieu trinitaire ne sera plus livresque, cérébrale, intellectualiste, mais poétique, romantique, tendre, dévotionnelle, imbibée de respect, de silence, de bienveillance et de gratitude.
Vital Nlandu, votre curé-doyen

