Obsèques de l’abbé Fernand Sépulchre

Vendredi dernier, le 25 février, nous avons célébré les funérailles de l’abbé Fernand Sépulchre, qui a exercé tout son ministère dans notre région (Malmedy et Stavelot). Nous nous souvenons avec gratitude de tout ce qu’il a apporté à nos paroisses, particulièrement aux jeunes. Je vous livre l’homélie de la messe des funérailles.

H.Bastin

 Obsèques de l’abbé Fernand Sépulchre

(Malmedy, le 26 février 2016)

(Jb 19, 1. 23-27a ; Jn 1, 35-42)

L’assemblée nombreuse qui nous réunit ce matin en notre cathédrale manifeste bien la grande place que l’abbé Sépulchre – Fernand – a tenue et continuera de tenir dans la vie de beaucoup. On a rappelé et on va encore rappeler tous ces lieux de vie et de rencontre dans lesquels Fernand s’est rendu présent. Moi-même je pourrais aussi apporter mon propre témoignage, puisque je le connaissais de longue date étant issu d’un petit village proche du sien. J‘ai aussi fréquenté quelques temps, pendant mon séminaire, l’unité scoute de Malmedy dont il était l’aumônier. J’ai retrouvé Fernand comme confrère dans le doyenné lorsque j’étais chapelain de Burnenville, de 1979 à 1986, et plus longuement jusqu’à ce jour, depuis l’année où je suis devenu doyen, en 2002… Quand je revois le visage de Fernand, ce qui me revient en premier, ce qui « raspite », si je puis dire, ce sont ses bons mots, ses expressions imagées, parfois un peu énigmatiques, tirées dont on ne se sait d’où… mais où sans peine se retrouvait l’humour si typique et un peu rosse de son village d’Ondenval…

 fernand sepulchre

Mais, frères et sœurs, comme prêtre et comme curé des paroisses de l’unité pastorale du « Grand Malmedy », je voudrais m’arrêter avec vous au message de la parole de Dieu qui vient d’être proclamée à partir du Livre de Job et de l’évangile de Jean… un message qui, peut aider à lever un peu le voile sur le secret de la vie de Fernand… Par-delà tout ce qui se dit ces jours-ci sur Fernand dont on évoque le souvenir – les multiples souvenirs – la Parole de Dieu nous conduit plus profond, nous fait creuser le puits pour rejoindre les nappes souterraines en lesquelles Fernand puisait. Je crois assurément pouvoir dire que tous les engagements si variés de Fernand, du plus religieux au plus humaniste, s’alimentaient au cœur de celui qui était l’ami entre tous : le Christ… Fernand, réservé, quelque peu bourru – nous le savons – ne se livrait qu’avec beaucoup de pudeur. Mais il suffisait de l’entendre dans une homélie, pour percevoir qu’il gardait au profond de son cœur la flamme cachée et précieuse d’une Présence : de la Présence…

Si, dans la liturgie, dans l’étude des Ecritures, dans le scoutisme, dans les randonnées en vélo, Fernand fut plutôt l’homme des grandes enjambées, et des aventures hardies, quelquefois provocantes, de rares confidences laissaient aussi deviner – pour qui savait entendre – son compagnonnage secret avec le Christ. Le pas de celui qui s’était laissé un jour toucher et continuait de se laisser toucher par l’invitation de l’ami divin : Viens et vois… Le pas, la halte à l’heure de midi, la table, le pain et le vin partagés avec ce même ami divin… Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là… Ce fut comme une dixième heure … une dixième heure de bonheur…

L’ami avec l’ami… Fernand avec cet ami divin qu’il aimait appeler affectueusement et respectueusement dans ses homélies : Notre Seigneur Jésus Christ… Un pas au quotidien qui cependant – il faut le dire pour rendre justice à notre frère – fut souvent éprouvant… Le pas de Fernand avec l’ami divin aimé, auprès duquel, j’en suis sûr, il est fréquemment venu chercher consolation, aux heures plus sombres… Toi seul es l’ami qui connais mon pas… A coup sûr, frères et sœurs, comme d’autres que je connais, Fernand a-t-il fait siennes les paroles de ce chant déjà bien ancien, et pourtant chaque fois neuf de la visite du Seigneur pour ceux qui l’invoquent du fond de l’abîme de leur solitude… Toi seul es l’ami qui connais mon pas… Visite sans plus aucune ombre aujourd’hui pour Fernand dont les pas ne font plus qu’un dans ceux du Ressuscité…

Et vraiment, Fernand, si les pas de l’ami divin sont aujourd’hui devenus les tiens, peut-il en être autrement des mots de Job, dont je crois qu’eux aussi sont devenus les tiens comme jamais ?

23 « Je voudrais qu’on écrive ce que je vais dire,

que mes paroles soient gravées sur le bronze

24 avec le ciseau de fer et le poinçon,

qu’elles soient sculptées dans le roc pour toujours :

25 Je sais, moi, que mon libérateur est vivant,

et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ;

26 avec mon corps, je me tiendrai debout,

et de mes yeux de chair, je verrai Dieu.

27 Moi-même, je le verrai,

et quand mes yeux le regarderont,

il ne se détournera pas. »

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