Toi seul es l’ami qui connais mon pas…

Le lavement des pieds… Une fois de plus m’est revenu, à l’écoute de ce récit, le passage de ce chant déjà bien ancien : Je suis solitaire, toi seul es l’ami qui connais mon pas (G116)… J’aime voir le Seigneur Jésus s’abaisser devant moi… J’aime le sentir qui dans le geste de ses mains, touche mes pieds, et puis les prend l’un après l’autre avec douceur…

J’aime voir Jésus s’arrêter à lire toute mon histoire dans mes pieds… Toute mon histoire… Mes chemins les plus anciens… Mes chemins les plus récents… Les routes et les sentiers de ma vie… Les droites allées et les passages perdus de mes faiblesses, de mes dérives, de mes blessures…

Jésus qui regarde mes pieds… Jésus qui regarde… et garde longuement mes pieds… Chacun de mes pieds dans ses mains…

De toi seul mon Seigneur Jésus, j’accepte que mes pieds soient touchés…

À toi seul j’accepte de livrer mes pieds comme un livre ouvert…

De toi seul j’accepte que mes pieds soient touchés et palpés, lavés et soignés…

De toi seul… Car toi seul es l’ami qui connais mon pas, chacun de mes pas…

Et toi seul sais quelles blessures il faut panser et purifier… Bien mieux que je ne le sais moi-même… Les blessures anciennes… Les blessures récentes… Les blessures secrètes qui remontent parfois tellement loin dans mon histoire et même dans l’histoire de ceux qui m’ont précédé…

Jésus, tu t’abaisses jusqu’à mes pieds… Et cela me fait du bien… Et toi seul peux le faire jusque là…

J’aime que ce soit mes pieds que tu affectionnes de toucher, et non ma tête, et non mes mains… Car dans ma tête, et dans mes mains, je reste encore un peu le maître de ma vie…

Mais dans mes pieds ?… Les pieds, c’est ce que j’ai de plus modeste… Dans mes pieds, je n’ai rien, vraiment rien, à faire valoir… Ne dit-on pas parfois de quelqu’un : « Il est bête comme ses pieds… » ?…

Jésus, j’aime que tu viennes jusque là, à ce niveau-là de ma vie, de mon histoire, de mon passé et de mon présent…

Je suis un peu fou en parlant de la sorte… Je ne sais pas dire mieux en ce Jeudi-Saint… Comme le fils prodigue de la parabole revenu à la maison en ayant perdu ses sandales…

Et aussi comme ces petits enfants qui reviennent d’un camp avec un seul soulier… N’en sont-ils pas d’autant plus touchants ?… « Où as-tu laissé l’autre soulier ? »… Et la maman ne peut que fondre au retour du petit…

Vite, mettez-lui des chaussures aux pieds (Lc 15, 22)…

Et que vont-ils donc devenir ces pieds passés par les mains de Jésus ?…

Que vont-ils devenir mes pieds, touchés et palpés, lavés et soignés, par mon Seigneur Jésus ?… Mes pieds imprégnés, comme d’une huile de douceur et de beauté…

Que vont-ils devenir mes pieds, sinon porteurs de bonne Nouvelle…

Qu’ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles (Rm 10, 15)…

Votre curé

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