(François d’Assise, Lettre à un ministre)
Cette invitation se trouve dans une lettre que François d’Assise écrit à un frère-responsable qui se plaint amèrement du comportement de l’un des membres de la communauté dont il a la charge. Lors de notre retraite en unité pastorale, nous nous sommes longuement arrêtés à ce passage… Qui parmi nous ne vit un jour ou l’autre une situation douloureuse de conflit, voire de profonde mésentente : « à ne pas en sortir » ?
(Le commentaire que j’ai donné à la retraite est une adaptation et un développement de celui du Frère Thaddée Matura, dans son livre Prier 15 jours avec François d’Assise, éd. Nouvelle Cité, 2002, pp. 46-52)
Aime ceux qui te font ces choses… De quoi s’agit-il, lorsque François parle de ces choses au frère-responsable qui vient de lui envoyer sa lettre éplorée ?…
Cela n’est pas spécifié. Et sans doute en est-il mieux ainsi car, de la sorte, chacun peut y mettre l’une ou l’autre situation qu’il est amené à vivre, ou qu’il a été amené à vivre, même avec une personne décédée… On oublie trop souvent qu’une démarche de réconciliation peut se vivre avec un défunt, une réconciliation qui amènera à demander pardon si on a fait du tort à la personne décédée, et à offrir le pardon, si on a soi-même subi des torts… Dois-je dire que, très récemment encore, j’ai été le témoin des grands fruits de paix et de guérison reçus par des personnes ayant entrepris cette démarche de réconciliation avec des défunts ?
Aime ceux qui te font ces choses…
Ce qu’on souhaite en cas de conflit ou de mésentente, c’est le changement de cœur – la conversion – de ses ennemis. On attend qu’ils évoluent, qu’ils s’amé-liorent… Eh bien non !… Ne veuille rien d’autre que ce que le Seigneur te donnera, écrit François… S’ils se repentent et se réconcilient avec toi, tant mieux ; sinon, sache attendre, patienter. Que le temps (et au fond, surtout le Seigneur) les fasse mûrir et progresser à leur rythme… Ce mûrissement et cette progression, nous les demanderons pour notre frère… Mais n’importe-t-il pas que aussi que nous le demandions pour nous-mêmes ? Car bien souvent quelque chose ne doit-il pas se convertir en nous également…
« Nous demanderons » : c’est bien dans la ligne de François qui invite à ne rien vouloir d’autre que ce que le Seigneur donnera…
Assurément la prière doit intervenir pour l’ennemi : Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs (Mt 5, 44)… La prière pour l’ennemi, mais aussi pour nous-mêmes en rapport avec cette situation (en évitant cependant, pour l’une et l’autre prière, la fixation obsessionnelle)…
Et que cette prière soit une prière à ne jamais désespérer : ne jamais désespérer de l’autre, car le Seigneur ne désespère jamais de personne !… Pas de pire parole que « Il (Elle) ne changera jamais ! »… Qu’est-ce que nous en savons ?… Et même si tout donne à penser qu’il en sera de la sorte ici-bas, n’oublions jamais que la réalité ne se limite pas à l’ici-bas… C’est bien ce qui autorise – et encourage ! – à entreprendre un chemin de réconciliation avec les défunts…
Voilà donc quelques pistes pour ce dimanche : une fois de plus en lien avec l’année de la miséricorde… D‘autres suivront…
Votre curé Henri Bastin.
Ping : Une prière à ne jamais désespérer de l’autre… (et de soi…) | Unité pastorale de Malmedy