L’attrait de la simplicité…
Tel est le titre donné au témoignage de Mgr Claude Rault, évêque du diocèse de Laghouat dans le Sahara depuis 2004, sur sa rencontre avec le Frère Placide, moine de Thibhirine. Ce témoignage fait suite à l’article de la semaine dernière. Il est repris à la revue Panorama du mois de mai, à la page 26.
Ma fréquentation du monastère a débuté un jour d’hiver et de froid, en 1972. (…) J’avais été accueilli par le Frère Placide, qui m’avait marqué par son calme, son sourire un peu malin et une gentillesse qui m’avaient réchauffé le cœur, mais pas les pieds… Un jour, je lui partageais mon étonnement mêlé d’une certaine déception : les moines ne soignaient pas leur chant à mon goût… Je trouvais le rythme psalmique lent et sans relief. Il est vrai que la plupart des moines étant d’une moyenne d’âge assez élevée, les voix étaient plutôt cassées et faibles. (…)
Je pensais encore qu’une vocation de moine, c’était chanter les louanges du Seigneur, mais surtout bien le faire ! J’avais fréquenté quelques abbayes en France et j’étais, je dois le dire, quelque peu décontenancé et frustré ! Placide m’écouta d’une oreille attentive avec un éclat de lumière et de malice dans les yeux. Quand j’achevais ma remarque, il me regarda, un sourire malin dans sa barbe fournie : « Ah ! Tu viens donc pour l’opérette… » Et il repartit de son pas lent vers ses occupations. (…)
En dépit de mes critiques, quelque chose avait commencé à m’attirer dans cette communauté que je découvrais peu à peu. (…) Sous une apparence rugueuse, Placide cachait une âme d’enfant et une délicatesse extraordinaire. Peu à peu, au fil des jours, je me sentis plus à l’aise, heureux d’avoir choisi ce lieu. (…) (Un) séjour prolongé a fait grandir en moi cet attachement profond à Notre-Dame de l’Atlas. J’y avais trouvé un monastère où se conjuguaient prière, pauvreté, et hospitalité. C’est l’attrait de la simplicité qui les avait jetés au flanc de cette montagne. La recherche de l’opérette était loin derrière moi…
Garde-nous tout petits devant ta face, Simples et purs comme un ruisseau ! Garde-nous tout petits devant nos frères, Et disponibles comme une eau !
Garde-nous tout petits devant ta face, Brûlants d’amour et pleins de joie ! Garde-nous tout petits parmi nos frères, Simples et purs comme un ruisseau !
Votre curé Henri Bastin