Dites-moi : à bien des égards ne serait-ce pas en elle que se cache encore le cœur de nos villages ?…
La semaine dernière, je présentais les clochers et clochetons de nos églises et chapelles comme se dressant imperturbablement sur nos villages à la manière d’un signe permanent de ralliement par-delà les appartenances philosophiques ou religieuses, par-delà les divisions survenues au long de l’histoire… De là j’étais amené à dire que la fête touchant à nos lieux de culte n’est pas fête réservée aux croyants, mais bien fête pour tous… Ainsi, à Malmedy, quel citoyen, de quelque obédience qu’il soit, ne parlera pas de la cathédrale en la désignant affectueusement comme Nosse porotche ?
Nous gardant de retirer le moindre mot de ce qui vient d’être dit, il importe cependant d’aller plus profond dans cette évocation qui nous vient de nos clochers et clochetons… Sans aucun doute clochers et clochetons peuvent-ils être reconnus comme signe de ralliement pour tous… Mais pour les croyants d’aujourd’hui et pour les croyants d’autrefois qui ont fait sortir le bâtiment de terre ne résonnent-ils pas avant tout comme la voix de Dieu qui appelle ?
Habitants de Bellevaux, de Ligneuville et de Chôdes, assurément en cette année 2016, nous allons regarder, contempler, toucher, palper, embrasser les pierres de nos églises et chapelle comme on étreint avec amour et reconnaissance une grand-mère ou une arrière-grand-mère devenue si chère à tous parce qu’elle a tout vécu avec la famille… Mais par-delà les pierres, mais par-delà les rides, saurons-nous renouer avec l’âme de foi, d’amour et d’espérance qui l’a fait vibrer et tenir debout au long des ans… Elle était là à notre baptême… Elle reste là tout au long de nos heurs et malheurs d’ici-bas… Elle ne cesse de nous couvrir de son manteau aux temps d’hiver… Elle prend plaisir à nous orner de ses guirlandes de fleurs aux temps de fête… Fidèlement elle nous accompagnera jusqu’au trépas, qu’elle nous rendra plus doux si nous lui restons proches…
Jour après jour, au haut de la colline ou au creux du val elle n’arrête pas de nous parler de foi, d’espérance et d’amour… comme à nos aïeux… silencieusement le plus souvent…
Nous arrive-il encore de la visiter et de l’écouter… même si elle nous semble radoter ?…
Dites-moi : à bien des égards ne serait-ce pas en elle que se cache encore le cœur de nos villages ?…
Votre curé Henri Bastin