Homélie de la messe des jeunes à Pont (1ère partie)

Homélie de la messe des jeunes à Pont (1ère partie) (Lectures de la fête de saint Jacques : 2 Co 4, 7-15 ; Mt 20, 20-28)

Le lundi 25 juillet, la jeunesse du village de Pont s’est retrouvée comme chaque année pour la célébration eucharistique liée à la fête du village. J’ai été très touché par le climat, chaleureux et festif, communautaire et recueilli, dans lequel l’événement s’est vécu.

Il m’a été demandé de reprendre dans cette chronique le texte de l’homélie. Je le fais bien volontiers. J’en livre aujourd’hui la première partie.

Frères et sœurs, chers amis,

Nous sommes rassemblés dans cette chapelle, cette belle petite chapelle qui vous tient tellement à cœur.

Nous pourrions nous retrouver ici par simple tradition : oui, c’est la coutume de « faire une messe des jeunes » au lendemain de la fête… coutume dont « on ne sait jusqu’où elle remonte. », m’ont dit plusieurs. Et d’ajouter que « tout le monde tient à cette messe des jeunes, car elle fait du bien, elle met de la convivialité et de la spiritualité… Elle est chaque fois touchante, émouvante… »… Chers amis, cela  est profondément respectable, cela a toute sa valeur… Mais ne reconnaîtrez-vous pas avec moi que nous risquons d’en rester au seul aspect folklorique, comme il en est en bien des démarches religieuses aujourd’hui ? Et en se situant dans cette seule perspective, on comptera que les animateurs et le curé jouent bien leur rôle, mettent la bonne ambiance… : « Que cela soit magique ! » me disait un jour quelqu’un au moment d’entrer dans une célébration de mariage à la cathédrale…

De tout cela je suis loin de me moquer, croyez-le bien. Et je suis de la fête avec vous ! Et je boirai un verre avec vous !… Même un deuxième que quelqu’un m’a promis… N’avez-vous d’ailleurs jamais remarqué à quel point Jésus lui-même participait aux fêtes des hommes : banquets, noces ?… Le vin qui coulait à flot à Cana…

Mais parlant de Jésus ici en cette chapelle, je me sens cependant poussé à aller plus profond… : « poussé à vous pousser » plus profond… Et pour m’y aider, et pour vous y aider, je n’ai pas de plus belle image que celle à laquelle renvoie le nom de votre village : « Pont »…

Je dois vous dire que jusqu’à hier, ou plutôt jusqu’avant-hier, ce nom de « Pont » m’apparaissait comme l’un des plus banals de la région…

Mais demandant au Seigneur, dans l’inconfort de la préparation de cette homélie : « Que dois-je donc leur dire, à ces jeunes de Pont ? », le nom m’est revenu sans arrêt, heure après heure : « Pont », « Pont », « Pont »… Et voilà que, pour la première fois, ce nom m’est apparu comme particulièrement évocateur… Comme particulièrement porteur : c’est le cas de le dire car un pont n’est-il pas appelé à « porter » tous ceux qui passent par-dessus ?

Le nom de votre village renvoie bien sûr à ce pont qui, dès le 12ème siècle déjà, assurait par-dessus l’Amblève la jonction entre Malmedy et Saint-Vith…

La jonction, le passage… Je pourrais avec vous m’arrêter à la dimension plus directement biblique et spirituelle de la symbolique du pont. L’Ecriture ne nous dit-elle pas en effet sur tous les tons que nous sommes ici-bas « de passage » ?… Et de répéter tout en même temps qu’un jour – selon le mot vénérable de nos vieilles croix de pierre bleue (de pierre de Recht)- nous « trépasserons », nous « trans-passerons » vers le ciel de Dieu… emmenés que nous serons par Jésus qui viendra nous saisir par la main, comme jusqu’à ce jour il a fait trans-passer vers l’éternité tant de nos ancêtres qui ont fréquenté ce lieu depuis bientôt 300 ans…

Le pont… La vie ici-bas, un passage, le passage vers l’au-delà de Dieu… Frères et sœurs, chers amis, il importe de ne jamais l’oublier… Il importe d’y penser quelquefois, même si on est encore jeune… La fragilité de la vie qui peut vous toucher, et même parfois tragiquement vous frapper, se charge bien de ramener à cette mémoire… On pense ici à la mort qui plusieurs fois a frappé durement dans vos rangs durant les quelques dernières années…

Et aussi, remontant à quelques dizaines d’années, aux deux grandes guerres, avez-vous conscience que nombre de ceux qui partaient sur les champs de batailles pour ne plus en revenir, avaient le même âge que le vôtre ?…

Mais en ce jour de fête, plutôt que de vous parler du « pont du trépas », je souhaite vous faire  accueillir, à vous tous et à votre village, votre nom de « Pont » comme un nom de baptême… (à suivre)

Votre Curé Henri Bastin

Cet article a été publié dans Actualité, Homélies, Jeunes, Le mot du curé. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Homélie de la messe des jeunes à Pont (1ère partie)

  1. Ping : Homélie de la messe des jeunes, à Pont (2ème partie) | Unité pastorale de Malmedy

Les commentaires sont fermés.