(Lectures de la fête de saint Jacques ; 2 Co 4, 7-15 ; Mt 20, 20-28)
Chers amis de Pont, le pont de votre village, c’est votre trésor…
Et si je parle de « trésor », c’est bien parce que nous avons entendu l‘apôtre Paul parler lui-même de « trésor » ; du « trésor » qu’est pour lui la Parole de Dieu. De ce « trésor », Paul dit que nous le portons « comme dans des vases d’argile »…
L’histoire nous a appris à quel point les ponts sont vulnérables ; ces ponts que, si souvent au long des siècles, on a détruits… ces ponts dont, si souvent au long des siècles, on a sapé les fondations, fait s’abattre les piliers…
Les ponts sont vulnérables… Mais surtout vulnérables, les ponts entre humains, à petite et grande échelle… Vulnérables parce que livrés à la fragilité des cœurs humains… ces cœurs humains eux-mêmes si comparables à des vases d’argile…
Chers amis de Pont, si vous entrez dans l’entreprise que je vous propose modestement – peut-être avec quelque naïveté -, si vous choisissez d’y entrer, d’y reconnaître une mission – une vocation ! – pour votre village… que dans cette entreprise vous vous en remettiez à Dieu !
Dieu seul en effet pourra la soutenir et la faire aboutir, car lui seul en définitive peut jeter ou restaurer solidement des ponts entre les hommes… quels que soient les abîmes qui parfois les séparent !… Cette entreprise, on ne peut l’ignorer, ne manquera pas d’être quelquefois et peut-être même souvent éprouvante… Car existe-t-il œuvre plus engageante et exigeante que celle d’être passionnément « bâtisseurs d’amour et artisans de paix » ? (cf. Mt 5, 9)… Mais osez le croire ; si de la sorte vous en appelez à Dieu comme maître du chantier, toujours, dès lors que l’obstacle inévitable viendra, vous pourrez reprendre à votre compte les mots de Paul ; « Nous sommes dans la détresse, mais sans être angoissés ; nous sommes déconcertés, mais non désemparés ; nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. »…
Chers amis de Pont, quand tout à l’heure, ou demain, ou après-demain, vous passerez sur le pont, sur votre pont, collez votre oreille à plat tout contre son corps… et prenez le temps d’écouter ce que du plus profond et du plus lointain du cœur de son histoire il vous adresse comme message… Tout me porte à croire que ce message ne sera autre que celui dont je vous ai fait part aujourd’hui…
Ah, chers amis de Pont, si vous étiez, plus que tous les autres lieux dans notre région, et pour eux tous, des créateurs et des restaurateurs de ponts !… Le beau titre biblique ne pourrait-il pas dès lors s’appliquer avec bonheur à votre village ; « Réparateurs de brèches » (Cf. Is. 58, 12) ?
Votre Curé Henri Bastin