On mange, on boit, …

On mange, on boit, on prend femme et mari, on fait des plans, on prépare ses vacances et sa retraite… et tout le reste… (Cf. Mt 24, 38)

 N’arrive-t-il pas souvent que nous habitions cette terre en l’aménageant comme si nous allions y vivre éternellement ?… Ne regardant pas plus haut et pas plus loin que l’ici-bas, nous gérons la terre pour en faire le meilleur des mondes… ici-bas !… Un monde à mesures simplement humaines… : On mange, on boit, on prend femme et mari, on fait des plans, on prépare ses vacances et sa retraite… et tout le reste… (Cf. Mt 24, 38)

Et pourtant, Dieu nous promet infiniment plus, à la mesure sans mesure de son amour… C’est bien pourquoi les derniers mots du Livre des Ecritures sont un appel pressant à Jésus pour qu’il vienne : Amen, viens, Seigneur Jésus ! (Ap. 22, 20)… Qu’est donc notre foi, sinon une foi toute tendue vers ce Jésus qui vient et qui viendra sûrement ? Qu’est donc notre foi, sinon une foi aux antipodes d’une simple foi de convictions et de valeurs ? Qu’est donc notre foi, sinon une foi qui attend, une foi qui espère en la visite suprême et ultime : « Quand viendras-tu, Seigneur, transformer notre monde pour en faire un monde enfin filial et fraternel ? »…

Assurément, une question nous est posée en ce temps de l’Avent… une seule question : « Sommes-nous encore des hommes et des femmes qui attendent ?… »

Votre curé, Henri Bastin

 

attentesL’attente, – l’attente anxieuse, collective et opérante d’une Fin du Monde, c’est-à-dire d’une Issue pour le Monde, – est la fonction chrétienne par excellence, et le trait le plus distinctif peut-être de notre religion.

Historiquement, l’attente n’a jamais cessé de guider, comme un flambeau, les progrès de notre Foi. Les Israélites ont été de perpétuels « expectants » ; – et les premiers chrétiens aussi. Car Noël, qui aurait dû, semble-t-il, inverser nos regards et les concentrer sur le Passé, n’a fait que les reporter plus loin encore en avant. Un instant apparu parmi nous, le Messie ne s’est laissé voir et toucher que pour se perdre, une fois encore, plus lumineux et plus ineffable, dans les profondeurs de l’avenir. Il est venu. Mais maintenant, nous devons l’attendre encore et de nouveau, – non plus un petit groupe choisi seulement, mais tous les hommes – plus que jamais. Le Seigneur Jésus ne viendra vite que si nous l’attendons beaucoup. C’est une accumulation de désirs qui doit faire éclater la Parousie.

Chrétiens, chargés après Israël de garder toujours vivante sur Terre la flamme du désir, vingt siècles après l’Ascension, qu’avons-nous fait de l’attente ? (P. TEILHARD de CHARDIN, « Le Milieu Divin », Seuil, 1957, pp. 196-197)

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