« Grand saint Joseph ! »…

Avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret (Mt 1, 18-24)…

Joseph découvre son épouse enceinte… Joseph trompé… Joseph déçu… Joseph blessé… Marie bientôt lapidée… Joseph dans l’impasse… Joseph, homme juste et bon… Joseph va la renvoyer en secret…

… C’est de cette manière qu’on a souvent imaginé le début de toute cette « histoire »…

Mais justement, ce n’est pas une « histoire », comme toutes ces « histoires » qu’on rencontre tous les jours… : « histoires » de soupçons et de doutes insidieux, « histoires » de tromperies et de trahisons sordides !

Avec Marie et Joseph, c’est bien au contraire « l’Histoire » avec un grand « H »… « Histoire » lumineuse… C’est l’Histoire qui devient surprenante, bouleversante… et revigorante !… Car c‘est l’Histoire de Dieu avec les hommes… Mais surtout c’est « l’Histoire » de la foi et de la confiance du début à la fin… De la confiance et de la foi chez chacun : chez Dieu, chez Marie… et chez Joseph !

saint-joseph-dans-son-atelierC’est « l’Histoire » de Dieu qui nous visite… Qui nous visite en déchirant les cieux (cf. Is. 63, 19), en déchirant nos raisonnements, en déchirant nos idées toutes faites, en déchirant nos certitudes de toujours…

Les cieux déchirés d’abord au-dessus de Marie à qui il est annoncé qu’elle concevra : Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?…

Les cieux déchirés ensuite au-dessus de Joseph à qui Marie confie le secret… Aurait-elle pu laisser Joseph en-dehors ?… En-dehors de ce mystère qui la couvre ?… Marie confie… Joseph accueille…

Joseph sait… et tout en même temps ne sait pas… « ne sait pas quoi » !… : « De cet enfant dans le sein de mon épouse, de cet enfant infiniment grand de la grandeur du Dieu très-Haut… de cet enfant qui est de Dieu, puis-je me faire reconnaître comme père aux yeux des hommes ?… Le puis-je ?…

Quel vol ! Quel viol ! Si je posais ma main sur cet enfant !…

Devant cet enfant et cette femme que faire ?… Oserais-je les prendre sous mon toit ?…

Que puis-je, sinon tout juste retirer les sandales de mes pieds… Devant cela que je reconnais comme la terre sainte entre toutes ! (cf. Ex. 3, 5)… Terre inviolable !…

Moi Joseph, là devant ? Moi Joseph, là-dedans ? »…

… Et voilà les cieux déchirés une fois encore… au-dessus de Joseph endormi.

Les cieux déchirés en un songe et une parole : « Joseph, fils de David, tu le sais, cet enfant vient de l’Esprit Saint… Mais ne crains pas… Ne crains pas de prendre chez toi l’enfant avec sa mère. »

… Et le matin, cette fois c’est la nuit qui se déchire pour de bon… au-dessus de Joseph éveillé…

Joseph prend l’enfant et sa mère … Le « oui » de Joseph… au matin après la nuit… La mission de gloire après les ombres…

La mission de gloire… Par Joseph, l’enfant devient pour les hommes le Fils de David attendu depuis des siècles… Par Joseph qui a pris l’enfant dans sa lignée… Comme Marie a pris l’enfant dans sa chair…

Joseph, descendant de David… Jésus, Fils de David… par Joseph !… « Grand saint Joseph ! »…

Grand saint Joseph, pour qui j’ai tant de prédilection … Que je lui redis au jour du trentième anniversaire du décès de mon père… qui en portait le nom.

Votre curé, Henri Bastin

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