Homélie du dimanche A des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Lectures : Mt 21, 1-11; Is 50, 4-7; Phil 2, 6-11; Mt 26, 14-27, 66

 Mes sœurs et mes frères, les 5 semaines de carême que nous venons de vivre où s’est glissé sans crier gare l’épreuve du coronavirus,  ont été un exode intérieur, qui nous introduit, ce dimanche, dans la Semaine Sainte.

rameauEn effet, les Rameaux et la Passion du Seigneur que nous célébrons,  nous ouvrent  un vaste champ de réflexions et  d’interrogations sur la dualité existentielle de notre vie  ponctuée de mystères joyeux et douloureux. Si Jésus, ovationné par des hozanna à l’entrée de Jérusalem est vomi sitôt après, c’est dire que la vie est une vallée de roses, mais aussi de larmes.

Il faut bien  se faire une raison : bien que  la souffrance ne soit pas une tarte dont chacun prendrait volontiers sa part, c’est inexorable, elle fait partie intégrante de la vie de l’homme.  Etty Hillesum l’a compris quand elle écrit : «La vie et la mort, la souffrance et la joie, tout, tout en moi, je l’accepte comme une totalité indivisible ». C’est même ce qui fait dire à Jean d’Ormesson : « La vie est belle parce que nous mourrons … Merci pour les roses, merci pour les épines ! « . Vouloir ainsi  écarter de sa route toute souffrance signifie se soustraire à une part essentielle de la vie humaine.

On a chacun et chacune ses soucis, y compris les souffrances indicibles, indescriptibles,  celles qui ne pleurent qu’à l’intérieur : solitude, déprime, usure, remords de conscience, charges de culpabilité, frustrations, combats intérieurs,  sentiments d’être inutile …, cœur trop lourd de secrets, trop lourd de peines.

« Les problèmes, quand on ne les a pas, on les attend » dit l’adage populaire. La pandémie du coronavirus nous en dit long : personne n’y échappe.  Qui  que tu sois, quoi que tu fasses, c’est inévitable,  la souffrance, la mort te traque et, un jour, te rattrape.  La vie peut être un long fleuve tranquille mais aussi un torrent déchaîné…

Finalement, la mort violente de Jésus aura ainsi pour but de nous apprendre  que la vie est comme un arc-en-ciel ; il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs. Que le tragique de notre existence n’est pas une fin en soi, mais une brèche sur l’espérance. Que par sa croix, Jésus est solidaire de notre humanité souffrante, blessée et blessante: blessures d’amour, clous de déception, de trahison, chemins rocailleux, résistances boueuses, exposition aux intempéries et aux épidémies …

En cette Semaine Sainte, suivons alors Jésus pas à pas sur le chemin de notre salut.

La Parole de Dieu nous interpelle à plus d’un sens

*Lors du repas d’alliance, Jésus annonce aux 12 que l’un d’entre eux va le livrer.

Soudain, chacun s’interroge sur sa loyauté envers le Seigneur : « Serait-ce moi Seigneur ?   « La Semaine Sainte peut être un Kaïros, une opportunité pour chacun et chacune d’évaluer la franchise et  la fidélité de sa relation avec Jésus. C’est un  exercice qui raffermit à coup sûr la foi.

jardin olivier* »Mon âme est triste à en mourir … » Jésus est anéanti, tiraillé. Il redoute, en effet,  la cuisante souffrance et la mort atroce qui l’attendent. Comme humain, il est ému et profondément angoissé. Un sentiment d’exacerbation et même de désespérance l’envahit… Oui, il s’en est sorti grâce à une prière intense et assidue d’abandon. Confrontés à certaines  réalités cruelles de la vie, il peut nous arriver  de déprimer, notre vie ressemblant à une flaque d’eau saumâtre ! En ce moment-là, soyons solidement reliés à Dieu notre Père, confions-nous à l’Esprit Saint,  invoquons Jésus en lui rappelant son affreuse agonie. Et n’oublions pas d’associer Marie notre Mère dans notre intercession.

* Pierre le lâcheur renie Jésus, il le désavoue sèchement. Mais quand il croise son regard, il se sent par-donné ! Entendant le chant du coq, il s’en alla pleurer amèrement des larmes du repentir.

  Et toi, t’est-il déjà arrivé d’entrer dans la lumière du regard aimant de Jésus ?

                                                                          Vital Nlandu, doyen de l’Ardenne

 

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