Vivre ce que l’on professe !

Homélie du 26ème dimanche A : Vivre ce que l’on professe !

Lectures : Ez 18, 25-28; Ph 2, 1-11; Mt 21, 28-32

Mes frères et mes sœurs, si j’avais une recommandation à nous faire, ce serait celle de saint Paul dans la 2ème lecture : si jamais il y a des incompréhensions voire des dissensions, des déchirements dans les familles, dans  la communauté paroissiale, dans nos milieux de vie et de travail, recherchons autant que faire se peut, la concorde et l’unité par l’humilité. C’est le prix à payer si l’on veut qu’il y ait la paix. L’humilité conduit à l’amour. Et être humble, ainsi  que Paul le fait sous-entendre, c’est reconnaître la valeur de l’autre sans se déprécier soi-même.

Quant à l’Evangile, il s’agit d’un père qui invite ses deux fils à  accomplir un travail. Et c’est aujourd’hui qu’il faut le faire : l’invitation est pressante!  Le 1er répond non, mais après un retour sur lui-même, changeant d’avis et de vie,  il y va.  Le 2ème dit oui, mais ne tient pas parole…  « Quel est votre avis ? » dit Jésus, « lequel de deux a fait la volonté du père ? « . Jésus présente ici un cas de conscience, une énigme – la nôtre depuis toujours ? –  pour nous aider à nous remettre en question.  La réponse paraît facile, mais ce n’est qu’en apparence, car Dieu murmure  dans le secret du cœur de chacun  de nous : « Des  deux fils, à qui ressembles-tu ? »

Pour Jésus, ce qui compte en premier, ce sont les actes et non les déclarations creuses des beaux-parleurs et des courtisans. Ne dit-on pas que l’amour n’existe pas, il n’y a que des preuves d’amour ? Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur, il faut témoigner (cf. Mt 7, 21). A bien des égards, nous ressemblons au second fils un peu tartuffe : il dit oui et ne fait pas.   A la messe par exemple, nous récitons le credo, mais sommes-nous vraiment en cohérence avec ce que nous professons ? « Que ta volonté soit faite » disons-nous dans le  Pater, mais est-ce que nous nous ajustons  à la volonté de Dieu dans nos actions et réactions ?  « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi« . Des paroles dites souvent  machinalement, au moment où notre cœur  est serré et enserré par la rancune, les sentiments de haine. Un pardon donné,  demandé, reçu ne vaut-il pas mieux qu’une longue dissertation sur la paix ?…

Entre nous soit dit, n’avons-nous jamais vécu ce conflit intérieur que saint Paul nous partage de manière pathétique : « Le bien que je veux faire, je ne le fais pas; le mal que je haïs, voilà ce que je fais…  Mon Dieu, qui me délivrera de ce corps qui me pousse au péché ? » (Rm 7, 14-24). Dans le même ordre d’idées,  souvenons-nous de la fragilité des promesses  de notre baptême,  de notre confirmation, de notre mariage ou de notre sacerdoce …  ! Avouons-le : la plupart du temps,  il y a loin entre le dire et le faire. Les publicains et les prostituées, c’est-à-dire  les personnes pas fameuses à nos yeux, peuvent nous précéder dans le Royaume de Dieu si elles  y croient. Si elles se disent, dans un prophétique sursaut de conscience,  qu’il y a des choses à changer absolument  dans leur vie, dans leurs rapports avec elles-mêmes, avec les autres, avec la création (cosmos) et avec Dieu. Et si  elles se convertissent ainsi, l’amour de Dieu ne peut que les consumer et les transformer (cf. 1ère lecture).

Chers amis, cet Evangile me fait comprendre que rien n’est joué d’avance : le combat spirituel reste de mise ! J’aurais même envie  de faire l’éloge  de la faiblesse, de notre faiblesse  qui est au demeurant un vivier de croissance. Ainsi que le dit Aristote : « Au fond d’un trou ou d’un puits, il arrive qu’on aperçoive les étoiles« .  Dans 2 Co 12, 7-10, saint Paul se livre, il atteste avoir eu une « écharde » qui le blessait de l’intérieur. C’est une faiblesse qu’il a endurée toute sa vie. Il a beau supplier Dieu de la lui ôter,  réponse : NON ! Je laisse parler Dieu : « Cette épreuve, Paul, te  rappellera  en permanence que tu  dois te méfier de  tes  propres moyens et  ressources. Ne compte que sur ma  grâce : elle te  suffit »   Rien à ajouter !  En fait,  c’est quand nous sommes faibles que Dieu déploie sur nous toute la mesure, toute la puissance de son Amour. Quant à Saint Jean, il rassure celles et ceux qui culpabilisent, ne sachant pas se libérer facilement des chaînes de  leur passé, par ce rappel : « Même si notre cœur (gendarme intérieur) nous importune, nous casse les pieds, nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur  » (1 Jn 3, 20). Alléluia – Amen ! Le but, c’est  de s’engager dans une démarche porteuse d »éveil et  d’espérance; être une femme, un homme debout et en marche vers la conquête de sa liberté  et de la  sérénité retrouvée dans le Christ.

Vital Nlandu, votre curé-doyen

 

 

 

 

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