(Dt 6, 1-9 ; Jn 2, 1-11 ; N.B. : Quelques passages ont été ajoutés au texte prononcé.)
La Vierge est invoquée en ce lieu sous le vocable de « Notre-Dame du Bon Secours » Ce vocable de « Notre-Dame du Bon Secours » nous renvoie bien sûr à l’événement qui a été à l’origine de la fondation de la chapelle…
La chapelle a été édifiée en 1830-1831, suite à l’intervention du Chevalier Henri-Toussaint Fischbach, industriel à Malmedy, né à Stavelot, en remerciement pour le sauvetage de son beau-père, lequel égaré sur la lande fagnarde vers 1819, aurait été sauvé par le tenancier de l’auberge de la Baraque Michel.
On comprend que la chapelle, de par sa situation isolée dans un endroit propice au recueillement, soit bien vite devenue un but de pèlerinage pour toute la région… Et le groupe nombreux de Sart-Jalhay qui nous rejoint aujourd’hui ne fait que renouer avec le pèlerinage qui s’est vécu fidèlement chaque année chez eux, depuis 1841 jusque 1960… un pèlerinage qui se déroula la première fois comme une instante imploration à la Vierge, pour que soit enrayée une grave épidémie de dysenterie qui ravageait le village de Sart et ses alentours.
« Notre-Dame du Bon Secours » en Fagne… qui, depuis bientôt 200 ans, ne cesse d’attirer de tous les villages et hameaux de la région, et même d’au-delà, tant d’hommes, de femmes, et d’enfants, tant de familles, venant demander l’aide de la Vierge… Et c’est bien dans cet esprit que depuis quelques années, en lien avec l’ensemble du doyenné de l’Ardenne, qui regroupe les anciens doyennés de Spa-Stavelot-Malmedy, nous nous attachons à rendre petit à petit à ce lieu toute sa dimension spirituelle profonde.
J‘aime ici évoquer la belle devise de nos amis sartois, devise liée à la remise en valeur des vieux métiers : Nos r’prindans rècène…
Il est assurément heureux qu’à tant d’égards nous retrouvions les racines historiques, folkloriques, culturelles, humaines, de nos régions… Mais, dites-moi, au long des siècles, quel en fut donc le terreau, quelle en fut donc la sève, de ces racines, sinon la foi chrétienne… Comptez donc le nombre de croix et de potales qui jalonnent les chemins de nos campagnes, de nos forêts, de nos landes…
La foi que nos pères eurent tant le souci de garder, de cultiver, de faire fructifier… Nos r’prindans rècène…
La foi qui, en des temps souvent troublés (famines, épidémies, guerres, incendies…), a aidé nos pères à tenir… comme Marie restée debout auprès de la croix (cf. Jn 19, 25)…
Nos pères ne se seraient-ils pas reconnus dans ce passage du Deutéronome que nous venons d’entendre : ECOUTE Israël ! Le SEIGNEUR notre Dieu est le SEIGNEUR UN. Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. Les paroles des commandements que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur ; tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras couché et quand tu seras debout ; tu en feras un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux ; tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l’entrée de ta ville (Dt 6, 4-9) ?
Marie, Notre-Dame du Bon Secours, sans aucun doute, ici à la chapelle, se rend, comme toujours, attentive à tous ceux qui l’invoquent… et d’abord aux plus éprouvés !… Osons y croire !… Et c’est en y croyant que nous en ferons l’expérience…
Mais tout en même temps, le grand message de la Vierge, son « grand message », à l’aube de ce 21ème siècle si lourd de menaces, son « grand message », dans la petitesse de ce lieu, comme en tous les lieux où elle ne cesse de faire signe aujourd’hui, n’est-ce pas ? Je vous en supplie : ravivez les racines de la foi de vos pères… Retrouvez la source qui est mon Fils Jésus… Jésus, le seul qui puisse changer les eaux amères de ce présent parfois si menaçant en un vin de fête et d’espérance.
Frères et sœurs, c’est là, c’est là d’abord, à travers et par-delà les mots que je vous livre à l’instant, à travers et par-delà la marche, les rites, et tout ce qui habille ce pèlerinage… c’est là l’enjeu, l’enjeu premier, et je dirais même, le seul enjeu qui tienne… Ne passons pas à côté ! À suivre …..
Henri Bastin, curé-doyen