La question ne me quitte pas ! Elle me taraude, tout comme elle en taraude bien d’autres que moi : que pouvons-nous faire en Unité pastorale pour répondre à ce drame des réfugiés ?
À vues simplement humaines, sans d’abord nous situer au regard de notre foi, la question ne peut déjà que nous venir, et même nous heurter, dans toute sa violence. Assurément, qui pourrait rester les bras ballants devant le drame ?
Mais aussi, pourrions-nous plus longtemps nous maintenir sous le patronage de François d’Assise, si nous ne répondions pas concrètement à l’appel qui nous vient de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, qui sont de la même chair et du même sang que nous ?… Tout homme est un frère, dit la chanson !… Plus que jamais ces mots doivent passer de nos lèvres à notre cœur et à nos mains… Comme il en fut pour François qui franchit l’abîme qui le séparait du lépreux en lui donnant un baiser… Pour notre part, sommes-nous prêts à faire le saut ?… Un saut dont nous étions, voici quelque mois à peine, bien loin de penser qu’il serait là devant nous à attendre urgemment notre décision !
Mais encore, me revient sans cesse cette parole que le Seigneur adressait autrefois au peuple d’Israël et, dans ce peuple, à chacun en particulier : Si un étranger réside avec vous dans votre pays, vous ne le molesterez pas. L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compagnon et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Egypte… (Lv, 20, 33-34).
Car vous avez été étrangers au pays d’Egypte… Une connaissance élémentaire de l’histoire suffit à nous montrer que tous, sans exception, nous sommes descendants de migrants. Les flux de population ont été de tous les temps, depuis les plus lointaines origines de l’humanité jusqu’à nos jours. Dans les dernières décennies, combien de nations n’ont pas été jetées sur les routes !… L’exode de 1940, l’exil des populations germaniques au lendemain de la guerre, la fuite des Hongrois lors de la répression de 1956, les migrations économiques des Italiens, des Turcs, des Maghrébins, vers nos régions… La liste pourrait se continuer… Et se continuera !!!
Car vous avez été étrangers, dit le Seigneur… Il importe plus que jamais que nous prenions conscience qu’un jour ou l’autre de la longue histoire de l’humanité nous avons fait partie de cette liste… Et même si, aujourd’hui, nous n’appartenons plus à cette liste, rien ne nous dit qu’un jour nous n’en ferons pas à nouveau partie… Ce qui, je le pense, arrivera sûrement, si nous n’ouvrons pas nos portes… car notre attitude ne pourra que se retourner contre nous, par ce que, avec d’autres, j’appellerais une « justice immanente » (une justice intérieure à la création)… Sache-le, la porte que tu fermes aujourd’hui sur le visage de l’autre ne pourra que se fermer sur ton propre visage un jour… tôt ou tard !…
À l’instant où j’écris ces mots, je vois Joseph, l’enfant et sa mère, fuir en Egypte (cf. Mt 2, 13-14).
Henri BASTIN – curé-doyen
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