Le dimanche 4 octobre, nous avons célébré en Unité pastorale la fête de notre patron, saint François d’Assise. Dans les deux « mots du curé », celui de ce dimanche et celui de dimanche prochain, je vous fais part de l’homélie faite à partir des lectures suivantes : Nb 6, 22-27 ; Ga 6, 14-18 ; Mc 10, 13-16. Aujourd’hui, vous pouvez lire la première partie.
Frères et sœurs,
Récemment est apparu en librairie un libre de Gabriel Ringlet, intitulé : Vous me coucherez nu sur la terre nue.
Mon propos n’est pas d’entrer dans le débat sur l’euthanasie lié à la publication de ce livre… Simplement, je reviens à ce moment tellement touchant de la vie de François d’Assise… En effet, le titre choisi par Gabriel Ringlet renvoie aux dernières heures que le saint a vécues ici-bas : à l’heure de mourir, François a demandé à ses frères de le déposer nu sur la terre nue… Vous me coucherez nu sur la terre nue (cf. Mémorial/2 Celano 214)…
Nu sur la terre nue… Le geste ultime de François est comme la signature de toute sa vie… Que fut en effet la vie de François, sinon un dépouillement incessant depuis ce jour où, la première fois, il s’était mis nu devant l’évêque d’Assise et les notables de la ville, en déposant tous ses vêtements aux pieds de son père… Geste de rupture : François rompait avec la richesse, le confort et le luxe, qui avaient été sa vie jusqu’à ce moment-là…
François, le « petit pauvre »… François, le poverello… La pauvreté de François…
Mais, frères et sœurs, lorsque nous parlons de la pauvreté de François, ne voyons-nous pas cette pauvreté presque uniquement sur le registre des biens matériels : François pauvre en argent, François pauvre en logement, François pauvre en vêtements… à l’image de Jésus qui n’avait pas où reposer sa tête (cf. Lc 9, 58) ?
La pauvreté de François va plus loin – infiniment plus loin – car on peut rester « propriétaire de sa pauvreté », dans le mouvement même où on se retrouve « propriétaire de ses vertus »…
La pauvreté de François, c’est la DESAPPROPRIATION… Ne rien garder en propre… Ce mot de « désappropriation » est à mon sens – pour aujourd’hui – bien plus clair, bien moins ambigu, dès lors qu’on veut parler de la pauvreté de François.
Ne rien garder en propre… C’est ainsi que François ne se considérera comme propriétaire d’aucun bien… : non seulement d’aucun bien matériel, mais aussi d’aucun bien lié à ses richesses en talents et en qualités : nous savons que François, à bien des égards, ne manquait pas de « cordes à son arc »… Mais encore et surtout, d’aucun bien dans l’ordre du spirituel : il ne se considérait propriétaire d’aucun bien qu’il pouvait faire ou qu’il faisait effectivement…
Propriétaire de rien !… En tout domaine, et radicalement, François était aux antipodes de la mentalité comptable !… Tout bien, quel qu’il fût, il le reconnaissait comme venant de Dieu, comme appartenant à Dieu… et comme devant retourner à Dieu dans la reconnaissance d’action de grâce… Un jour, il ira jusqu’à dire que la seule chose que nous ayons en propre, c’est notre péché (cf. 1 17, 7)…
Frères et sœurs, toute la vie de François, c’est une conversion des mains : des mains repliées, des mains fermées qui, petit à petit, deviennent des mains dépliées, des mains ouvertes, en offrande à Dieu et en don aux frères… Comme une source qui coule sans retour…
Votre curé, Henri Bastin