Suite de l’homélie de la messe de la fête de saint François

(Nb 6, 22-27 ; Ga 6, 14-18 ; Mc 10, 13-16)

Frères et sœurs, toute la vie de François, c’est une conversion des mains : des mains repliées, des mains fermées qui, petit à petit, deviennent des mains dépliées, des mains ouvertes, en offrande à Dieu et en don aux frères… Comme une source qui coule sans retour…

Mais, pour prendre quelque peu la mesure du dépouillement de François – de sa désappropriation – il faut aller plus profond, bien plus profond encore…

De quoi, au plus profond, François s‘est-il désapproprié ?… De sa volonté propre !

Oui, nous pouvons reconnaître Dieu comme la source de tout bien… nous pouvons tout ramener à Dieu – Déjà ce n’est pas rien ! -, et cependant rester propriétaire de notre volonté, garder la main sur notre chemin et sur notre avenir… garder la mainmise… garder la maîtrise…

Lâcher, lâcher, lâcher : voilà le mot qui dit tout !… Laisser le présent et l’avenir – et aussi abandonner le passé – à Dieu… Laisser Dieu conduire, laisser Dieu subvenir, laisser Dieu faire aboutir… comme il voudra, quand il voudra, où il voudra… confiants que ce sera pour la joie – pour une joie parfaite – pour la joie de tout notre être… tout notre être uni à la création tout entière… comme il en fut pour François… Laudato si, o mi Signore

Cela est, frères et sœurs, la désappropriation la plus radicale !…

Ce fut le sacrifice ultime de François, lorsque, dans les cris et les larmes (cf. He 5, 7), il dût lâcher son rêve sur la fraternité qu’il avait fondée… son rêve qui lui paraissait anéanti par l’infidélité d’un certain nombre de ses frères à l’intuition évangélique du début…

Lâcher, lâcher sans aigreur, lâcher sans amertume… jusqu’à être – doucement – amené à la louange… Laudato si… C’est, frères et sœurs,  pour chacun de nous, la grâce à obtenir, et que sans doute un jour, comme François, il nous faut « arracher » dans le cri et les larmes… dans les implorations et les supplications, à Celui-là seul qui peut nous sauver (cf.He 5, 7)…

Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme à la manière d’un enfant n’y entrera pas (Mc 9, 15)…

François, nu sur la terre nue, à l’heure de sa mort…

Frères et sœurs, ne faut-il pas y voir d’abord François nu comme l’enfant qu’il est redevenu ?… François, l’enfant nu, dépouillé, désarmé, désapproprié… les mains plus dépliées, les mains plus ouvertes, que jamais…

Mourir les mains ouvertes… C’est cela, frères et sœurs, l’avenir qui nous est ouvert… l’avenir qui nous est offert… comme la grâce à demander !… Que saint François intercède pour nous !      

Votre curé, Henri Bastin

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