Chers amis, le projet de sainteté est fou, non pas pour ce qu’il aurait d’excentrique, de désaxé ou d’excessif, mais de fabuleux et de prodigieux. Le saint fait signe, il séduit et attire. C’est une merveille tant pour son entourage que pour l’Eglise, une source d’admiration et d’inspiration. On ne sort pas indemne de son témoignage.
A la Toussaint, il y en a qui par tradition, font une démarche lourde d’affection et d’espérance par une visite au cimetière, en déposant des fleurs sur les tombes de celles et de ceux qui ont eu une place importante dans leur vie. Les cimetières sont tellement habillés de couleurs qu’ils perdent leur aspect austère…
A cette occasion, nous pensons à cette myriade d’amis du ciel, des personnes exceptionnelles canonisées ou non, connues ou inconnues, qui ont réalisé au mieux leur mission sur la terre. En même temps, nous nous remémorons notre appel à la sainteté (Concile Vatican II, LG 39), l’appel que nous avons reçu à être dans le monde de notre temps le visage de Dieu, l’image de sa beauté, le parfum de sa miséricorde. Dieu seul est Saint, lui seul est source de toute sainteté. Il se reflète dans les personnes qui vivent avec lui une relation particulière dans la foi, l’espérance et l’amour ; les saints qui, à leur tour, réfléchissent son visage.
La sainteté n’est pas réservée à une élite, à des super-chrétiens ou réduite à des phénomènes spectaculaires (lévitation, stigmates …). Elle se reconnaît par les fruits. Nous connaissons des femmes et des hommes pénétrés d’Onction, d’Esprit Saint, le guide intérieur, qui ont une passion pour l’humain. Ils ont passé ou passent leur vie en se vouant à leur semblable, en se dévouant pour les autres sans regarder leur propre nombril. Ils nous interpellent quand ils rendent service et gratuitement, sans idéologie. La bonté est tissée dans leur cœur et dans leur chair. C’est l’exemple de ce soldat qui tend sa gourde d’eau à un ennemi blessé ; du jeune homme qui se lève dans le bus pour donner sa place à une personne âgée debout ; du pompier qui traverse les flammes, le visage noirci, parfois blessé, et qui fait cela pour sauver les hommes ; de la mamie qui donne sans compter, se donne avec gaieté pour ses petits-enfants…
L’audace de la sainteté aujourd’hui, c’est revêtir le Christ, adopter son style de vie, le laisser vivre et agir en nous et par nous. « Ce n’est plus moi qui vit » dit Saint Paul, « mais c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Nous revêtons effectivement le Christ lorsque, dans les choses ordinaires de la vie, nous imitons l’oblation et l’offrande de sa vie toute donnée aux autres.
Vital Nlandu, votre curé-doyen