Le Bon Pasteur

Homélie du 4ème dimanche de Pâques A : Jean 10, 1-16 : Le Bon Pasteur !

Mes frères et mes sœurs, nous sommes au mois de mai dédié à la Vierge-Marie et dès ce lundi 4 mai, nous entrons  en déconfinement dans sa phase 1A. Nous voici donc  relancés sur la route de la vie active par la méditation d’un Evangile qui, une fois de plus, déploie l’éventail de l’amour de Dieu. L’amour n’est pas un attribut, une qualité de Dieu, c’est la substance même qui le constitue, c’est son être même: Dieu est amour ! C’est pourquoi nous ne cessons de dire à celles et ceux qui sont devenus enfants de Dieu par le baptême, que la seule chose qui importe, c’est d’aimer ! Nous sommes tous habités par un feu, qui est une centrale d’énergie, la source de notre aspiration à aimer et de ce besoin existentiel que nous éprouvons constamment : être aimés ! Ce feu, c’est l’amour de Dieu.

Le berger ! A l’époque de Jésus, le peuple d’Israël était majoritairement rural et pastoral. Voici le quotidien de la vie d’un berger : chercher les pâturages et les points d’eau pour la vie des brebis ; les protéger des voleurs ou des animaux  prédateurs  et, le soir, les ramener dans l’enclos. C’est pour nous faire raisonner, mais surtout faire  résonner en nous le mystère de l’amour de Dieu que  Jésus s’identifie au berger, alors à nul autre pareil, le Bon Berger!  L’édifice de la relation du Berger avec ses brebis,  est posé  sur 4 pierres :

bp1*L’écoute : « Mes brebis écoutent ma voix ! » (V.3 et 16). La foi se reçoit par l’écoute (Rm 10, 14). Nous apprenons à écouter la voix de  Dieu qui susurre au creux de nous-mêmes par la méditation et l’accueil de sa Parole, la relecture des événements de notre vie, dans l’adoration, le silence éternel des espaces infinis … Même si notre société est polluée par le bruit et l’empressement, Dieu continue de nous parler à travers moult signes. Et puisque voix rime avec voie,  il ne suffit pas seulement d’écouter le Bon Berger, encore faut-il  le suivre en adoptant son style de vie.  

*La connaissance : « Je connais mes brebis et elles me connaissent » (V.14). Connaître signifie ici naître à l’autre, autrement dit l’aimer. Il s’agit de cette merveilleuse dialectique : connaître pour aimer et aimer pour connaître davantage ! Maurice Zundel l’exprime en ces termes : « il n’y a de vraie connaissance que dans l’amour ». En effet, il est heureux l’homme qui se sait  connu, choyé, aimé, guidé et protégé par Dieu. Dans ses Confessions, Saint Augustin dira à Dieu : « J’ai tardé à t’aimer…, tu étais dedans, moi dehors». La preuve que le Bon Berger connaît ses brebis, c’est qu’il appelle chacune par son nom…  Pour vérifier si tous les élèves étaient présents le matin, mon instituteur de l’école primaire appelait chaque élève  par son nom. Réponse : « Me voici« , c’est-à-dire « Je suis« . Le nom tire hors du néant, il fait exister. Et dans la culture yombe, ma culture d’origine,  le nom revêt une importance capitale. En plus d’être la représentation figurée de l’homme lui-même, c’est une mission, un programme de vie, une vocation. Par exemple : quand on t’appelle « Lelo », traduit littéralement « ne fût-ce qu’aujourd’hui », c’est pour te rappeler les défis à relever en toute confiance. « Lelo » signifie : ne fût-ce qu’aujourd’hui, montre de quoi tu es capable !… Le berger appelle chaque brebis par son nom pour que chacune comprenne qu’elle est un pro-jet de Dieu !

*La liberté : Notre vie, n’est-ce pas un brin de temps donné à notre liberté pour apprendre à aimer ? Le Bon Berger fait sortir ses brebis. « Faire sortir », c’est un geste de libération et de liberté. Moïse fit sortir les Hébreux d’Egypte pour les libérer de l’esclavage ! Avec le Bon Berger, on peut aller et venir, entrer et sortir (V. 9), il y a un espace de libre circulation… Dieu ne s’impose pas, il se propose. Il a même décidé, par amour pour l’homme,  de n’avoir aucun pouvoir sur sa liberté. Notre vie est comme  un bois à plusieurs sentiers, chacun étant libre de choisir le chemin de sa vie. Toutefois, de ces mille et un chemins, il y en a un qui mène à Dieu. C’est Jésus qui, avec ses bras étendus, nous fait signe : « Je suis  la porte ! » (V.7). La métaphore de la porte signifie que Jésus est le passage obligé vers le salut, la vie en Dieu que, lui, Jésus donne en abondance (V. 10). En effet, c’est par lui que nous, chrétiens, avons accès à Dieu. Je dis bien « nous chrétiens » ! Vous comprenez que dans notre monde pluriel, chaque culture religieuse est un vieux corpus de sagesse qui contient des pistes spirituelles et existentielles possibles et imaginables d’accès à Dieu. Chacun peut y trouver son compte.

bonpasteur*Le don de soi : « Je donne ma vie pour mes brebis » (V.11)… « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », a dit sainte  Thérèse de Lisieux. En cette Journée Mondiale  de prière pour les vocations, je pense certes à ceux  qui sont appelés au sacerdoce ministériel et à la vie religieuse, mais aussi à  tous ceux qui se donnent de manière désintéressée et gratuite au service des autres.  En faisant fructifier  les talents dont ils sont dotés, ils répondent à l’appel à bâtir une civilisation d’amour. Sachons par ailleurs  que tout ce que nous réalisons sur cette terre n’a de sens et de soupçon d’éternité que si nous le faisons  par amour.

Alors, qu’importe, chères amies, chers amis, pourvu que nous connaissions Jésus-Christ et  que se manifestent en nous et autour de nous,  les signes de la puissance de sa résurrection.

                                                                Vital Nlandu, doyen de l’Ardenne

 

 

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