Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements

Homélie du 6ème dimanche de Pâques A : Ac 8, 5s; 1 Pi 3, 15-18; Jn 14, 15-21

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          Mes sœurs et mes frères, il n’y a que l’amour qui garantit une relation vivante. C’est la première fois dans l’Evangile de saint Jean que Jésus évoque explicitement l’idée de l’aimer. En effet,  il ne suffit pas seulement de croire ou  de débiter son credo, mais faut-il  encore et d’abord  aimer Dieu, autrement dit  passer de la profession de foi à la profession de foi , c’est-à-dire de la  foi livresque, intellectualiste à l’expérience de la rencontre intime, intérieure de Jésus, la foi du cœur.  B. Pascal le dit en ces termes : « Il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer ». Jésus va  alors exiger de ses disciples la fidélité à ses commandements. C’est entre autres ceci dans l’Evangile de saint Jean : « Vous devez vous laver les pieds les uns les autres (Jn 13, 14); aimez-vous les uns les autres (Jn 13, 34); que votre cœur ne se trouble pas, croyez en Dieu, croyez en moi (Jean 14, 1) ». Voilà un petit résumé de l’Evangile : service, amour, abandon et confiance en Dieu.

          Dans cette optique, saint Pierre dira dans la deuxième lecture : « Soyez prêts à tout moment à rendre compte de l’espérance qui est en vous« . L’espérance chrétienne est une praxis; elle est  opérationnelle dès aujourd’hui. Pour J.Moltmann, le théologien protestant, l’espérance n’est pas qu’une simple projection à « plus  tard » ou une projection dans « l’au-delà ».  Espérer, « c’est accomplir dès maintenant ce qui sera réalisé demain, mettre en œuvre dès aujourd’hui des possibilités du temps messianique »  Lorsque Dieu me promet  une terre nouvelle, des cieux nouveaux (2 Pi 3, 13), au lieu de me figer et de me scléroser à regarder le ciel,  je vais plutôt anticiper la réalisation de cette promesse par mon engagement pour la paix, la joie de vivre, l’émerveillement, la justice sociale, le service gratuit,  le respect et l’attention pour les faibles … Oser rendre compte de l’espérance qui m’habite, c’est témoigner du feu dévorant qui embrase mon cœur, dire ce que je vis avec Jésus, comment son amour me presse : plus fort que moi, Jésus me séduit,  me terrasse !… C’est aussi oser adopter son style de vie.  Et le faire non avec des artifices de bling-bling, mais de manière simple, authentique,  douce et une conscience droite.

          Cependant, étant donné ma  vulnérabilité, je n’en serais  capable que grâce à l’Esprit Saint, le Paraclet (paraklètos en grec = défenseur, avocat) qui vient au secours des disciples. C’est lui l’Esprit  Saint qui poursuit l’œuvre du Ressuscité en toi, en moi, dans l’Eglise et le monde. Il raffermit la foi des disciples, les introduit dans la connaissance du Nom de Jésus-Christ et dans l’intelligence de l’Evangile. Il les aide à comprendre le message de Jésus en l’adaptant  aux besoins de chaque conjoncture; il les inspire en  les orientant  vers la vérité… On  s’aperçoit dès lors que l’Esprit Saint est la clé centrale  de la compréhension des Ecritures. Voilà pourquoi dans les groupes de prière, à la lectio divina, l’invocation de l’Esprit Saint occupe une place importante. Quand tu lis et médites la Parole, quand tu prépares une homélie ou tout autre partage biblique, commence par prier l’Esprit Saint, qu’il se diffuse et rayonne dans ton esprit et dans ton cœur.

          Dans la première lecture, grâce à la passion missionnaire  de Philippe authentifiée par Pierre et Jean, les samaritains reçoivent l’Esprit Saint. Voici déjà annoncée la Pentecôte que nous célébrerons dans deux semaines, où se réalisa la promesse universelle de Dieu, du don de l’Esprit Saint, qui n’est pas seulement réservé aux prophètes, aux rois ni au peuple élu, les juifs, mais à tous : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair » (Jl 3, 1).

                            

                                  La Parole de Dieu nous interpelle à plus d’un sens

* »Je ne vous laisserai pas orphelins,  je reviens à vous » (V. 18). Nous sommes nombreux à avoir vécu, même très tôt, l’expérience d’orphelin. Chez nous en Belgique, Dieu merci, la sécurité sociale assure un tant soit peu leur protection en soins de santé. Ils jouissent  du statut  anciennement appelé  « VIPO » (Veuves et veufs,  Invalides,  Pensionnés et  Orphelins) rebaptisé  « BIM »            (Bénéficiaires de l’Intervention Majorée)… Est-il qu’au-delà de cette aide matérielle, il y a une carence d’amour qui laisse parfois des crevasses indélébiles au cœur. Plus d’amour paternel, plus d’amour maternel… et voilà que Jésus se propose de combler le vide, d’étancher les assoiffés éternels de tendresse par l’Esprit Saint qui sature nos cœurs de son Amour (Rm 5, 5) !

*Au baptême de Jésus, Jean le baptiste témoigne : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui qui baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1, 33). Jésus le fit concrètement après sa résurrection : « Il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, cet Esprit « demeure auprès  de vous,  et il sera en vous » (V.17). Pourquoi cette articulation entre le présent et l’avenir ? C’est pour me dire que l’Esprit Saint est certes présent en moi depuis le jour de mon baptême, une présence certifiée et confortée à ma confirmation. Mais je suis invité sans cesse à réveiller la source d’eau vive qui dort au fond de  moi, à actionner le trésor sous-exploité, à invoquer absolument l’Esprit Saint pour qu’il jaillisse en  moi.

Je souhaite à tous et à chacun une joyeuse fête de l’Ascension du Seigneur.

 

Vital Nlandu, doyen de l’Ardenne

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