Homélie du dimanche de la Sainte Trinité A
Lectures : Ex 34, 4-9; 1 Co 13, 11-13; Jn 3, 16-18
Mes sœurs et mes frères, après avoir célébré Pâques et la Pentecôte, nous fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité qui nous rappelle que nous avons été baptisés au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Cette fête nous aide à approfondir de plus belle le mystère de Dieu : quel est son vrai visage, comment le décrire, quel est son Nom ? Son nom est : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (1ère lecture). Dans le nouveau Testament, saint Jean résume cette expression en un seul mot : « Amour ». La Trinité n’est pas avant tout un casse-tête intellectuel (comment est-ce possible : 1+1+1 peuvent-ils donner 1 ?), mais c’est croire humblement que Dieu est Amour (cf. 1 Jn 4, 8.16). Si un jour, tu ne crois pas à ce postulat, sache que tu pries un faux dieu (Maurice Zundel). La page de l’Evangile d’aujourd’hui nous conduit au cœur de la foi. Il s’agit d’un verset fondateur, la récapitulation de la révélation centrale des Ecritures ou encore la clé herméneutique à partir de laquelle les Ecritures sont comprises : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique « (Jn 3, 16). Et s’il aime le monde, ce n’est pas que le monde est aimable, mais qu’il en a décidé ainsi !
En effet, l’Amour de Dieu a pris un visage : c’est Jésus sur la croix ! Il est le Fils unique du Père, qui lui donne tout ce qu’il a, car le Père ne retient rien pour lui (Jn 1,3)… C’est vrai que devant un mystère si épais et si profond, on ne peut que contempler, adorer, garder silence! Lorsque saint Jean dit que Dieu est Amour, cela signifie que l’amour n’est pas un attribut de Dieu, une qualité de Dieu, mais la substance même dont il est ontologiquement constitué… La fête de la Sainte Trinité nous fait ainsi entrer dans l’intimité et la communion de l’amour trinitaire.
Alors, dites-moi en qui vous croyez, je vous dirai qui vous êtes. Il y a dans notre monde, 3 grandes religions monothéistes qui confessent leur foi en un seul Dieu : l’islam, le judaïsme et le christianisme. Toutes les 3, figurez-vous, se réclament d’un même ancêtre : Abraham, le père des croyants. A ceci près que, et c’est là que le bât blesse, nous chrétiens, nous confessons que Dieu est Un dans l’essence, c’est-à-dire que la nature divine est toute entière et seulement Amour. Mais puisque l’Amour n’est pas repli sur soi-même, enfer-mement, ou autarcie, mais qu’il est partage, relation, ouverture, don, accueil, alliance, échange, unité dialogique, ce Dieu Un est Trine. Autrement dit l’Amour se révèle en 3 personnes, avec chacune ses attributions : il y a l’Amour-Père, le Bon Dieu qui nous aime sans mesure et sans condition (agapè). L’Amour-Fils, Jésus-christ qui, ayant partagé notre condition mortelle, nous sert, nous délivre de la perdition et nous sauve en vertu de sa seule grâce (et non à cause de nos mérites), avec à la clé une offre gratuite de la vie éternelle (Jn 3, 16). On est ici dans ce que la théologie appelle « l’eschatologie présentéiste », c’est-à-dire l’éternité dans l’aujourd’hui: quand en femme et en homme debout, nous menons une vie qualitativement éternelle, qui s’ouvre à l’éternité ! L’Amour-Esprit Saint est le principe de vie nouvelle, il irrigue les déserts de nos cœurs; il est la puissance de Dieu, nous ouvre l’avenir. Il nous donne chaque matin une nouvelle provision de joie, de paix et de confiance. Il nous sanctifie, c’est-à-dire il nous rend sacrés; il fait de nous nous des dieux comme le dit le psaume : « O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton Nom par tout l’univers !… Un être humain mérite-t-il vraiment que tu t’occupes de lui ? Or tu l’as fait moindre qu’un dieu » (Ps 8, 2.4-7). L’Esprit Saint nous consacre, nous confirme dans l’amour divin ainsi que l’atteste saint Paul : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Il fait de nous une bénédiction pour l’Eglise et le Monde, « une éternelle offrande » pour la gloire de Dieu (3èmeprière eucharistique).
Cependant, la Trinité n’est pas qu’unité, elle est aussi mission: nous sommes ainsi envoyés pour évangéliser, annoncer le Royaume d’Amour non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu. Tout homme qui aime en vérité n’est pas loin de Dieu d’Amour. Plus on est imbibé de l’Amour trinitaire, plus on est porté par la ferveur du verbe « aimer » dans l’espérance d’une société où on se met humblement au service des autres; où tous les hommes sont frères, reconnus, valorisés, sans discrimination ni élitisme. C’est cela le « levain » qui fait croître l’humanité, la lumière qui brille dans le monde. Une civilisation de l’amour « sauveur » qui traduit en vie vécue, l’exhortation de saint Paul : « Soyez joyeux; encouragez-vous; exhortez-vous. Soyez d’accord entre vous; vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous » (2 Co 13, 11). Amen !
Vital Nlandu, doyen de l’Ardenne
Merci Vital pour cette approche toujours nouvelle,et personnelle.de notre chemin spirituel… Ce message chrétien est tjs sublime et incroyable..et nous avons a le partager chacun au maximum la où nous sommes. A bientôt..,. 100 participants.. ?? Et le 101 ème…casse. Tête en perspective… Confiance, tout ira bien
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