Homélie du 3ème dimanche de l’Avent B : Soyez dans la joie ! Lectures : Is 61, 1-10; cantique de Marie (Lc 1); 1 Th 5, 16-24; Jn 1, 6-8. 19-28
Gaudete – Réjouissez-vous ! Voilà un prélude à la fête de Noël : être transporté de joie de savoir que le Seigneur qui vient nous offrir son Alliance, est tout proche. « Le Seigneur soit avec vous !« , lui qui, par son Esprit, nous consacre à Lui; il guérit notre cœur brisé, nous délivre du mal et nous comble de ses grâces (1ère lecture). Dans la 2ème lecture, saint Paul le recommande avec force : « Frères, soyez toujours dans la joie ! » Et dans la lettre de mission qu’il nous remet, il dit en somme : « N’éteignez pas l’Esprit qui habite en vos cœurs. Permettez-lui plutôt d’agir dans vos vies. Ce qui est bien, gardez-le, éloignez-vous de toute espèce du mal. Et retenez ceci : Dieu vous reste fidèle !«
Mes sœurs et mes frères, la joie est une émotion particulière, un des sentiments exaltants les plus beaux du monde. Elle ne signifie pas oublier les avaries de la vie, les vents contraires, le manque d’éclat, les chocs, les sources d’angoisse et parfois de désespoir. Et si la tristesse fait partie des épisodes douloureux de nos existences, elle n’est pas à fuir ! Elle est un baromètre indiquant le degré d’attente de la vraie joie, un appel à une soif d’exaltation dont notre cœur a besoin : » Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Le puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom. Il comble de biens les affamés … » Ce cantique de la Vierge-Marie à méditer ce dimanche, nous montre que la joie est un moment où l’on a envie de remercier, une gratitude qui ne fait plus place à la rancune, à la peur ou au regret. Fruit de l’Esprit Saint (Gal 5, 22), dans son intensité, sa profondeur et son immensité, la joie est différente du plaisir qui, lui, est passager et superficiel. La merveille, c’est que la joie n’a pas d’âge, et on a l’âge de sa joie : un coeur pétillant de joie conserve sa jeunesse éternelle !
Il ne faut donc pas laisser les aléas de la vie et les gens négatifs vous voler votre bonheur de vivre, d’aimer, de donner, de servir, de croire et d’espérer. La source de la joie est en tout, il faut savoir l’extraire : un simple sourire augure et divulgue la joie. Je me souviens de ce que ma maman me disait un jour : « Je suis contente que tu puisses toujours rayonner d’autant d’énergie, ton rire en cascade est ma récompense ! » En décembre 2014, s’adressant aux cardinaux de la curie, le pape François leur disait comment la joie qui éclate sur un visage, est contagieuse : « Un cœur plein de Dieu est un cœur heureux qui irradie et communique sa joie à ceux qui sont tout autour de lui : on le voit aussitôt. Ne perdons pas cet esprit de joie, plein d’humour, et même d’autodérision, qui nous rend aimables, même dans les situations difficiles« .
Il est écrit en plus dans la péricope d’Evangile de saint Jean lu aujourd’hui : »Survint un homme, son nom était Jean« . De l’hébreu yohânân qui signifie Dieu fait grâce, Jean Baptiste, figure majeure de l’Avent, est envoyé par Dieu pour être le témoin qui indique la source de sa lumière, Jésus-Christ. Il prépare le peuple à l’accueillir. Comment être prophète de lumière aujourd’hui ? Le monde a besoin de témoins qui permettent à la lumière de Dieu de rayonner. C’est ce que font les parents, les grands parents, les amis, les conseillers spirituels qui, autant que faire se peut, aident les gens à aller au Christ, à être justes, respectueux et dévoués pour les autres.
Jean Baptiste est traqué par les émissaires des autorités juives : il doit décliner son identité. Que dit-il de lui-même ? Il ne présentera pas sa carte d’identité, sachant du reste que les enquêteurs ne voulaient qu’une chose : savoir s’il était le messie ! Alors, très humble, il reste à sa place, ne se voyant pas digne de délier la lanière de la sandale du Christ. C’est le travail du dernier des esclaves. Jésus, lui, a délié la sandale de ses disciples pour leur laver les pieds. Et s’il est le plus grand, c’est qu’il a été le plus serviteur. Etre humble ne signifie pas s’aplatir ou se ratatiner, mais c’est arrêter de se regarder le nombril et s’émerveiller de l’autre. Comme les vases communicants, c’est diminuer pour que l’autre grandisse.
En outre, Jean Baptiste s’identifie à la voix qui crie dans le désert, le désert de notre cœur, lieu de nos aridités et pauvretés offertes. J’aurais l’envie de dire que nos faiblesses sont au demeurant un vivier de croissance ainsi qu’écrit Michel Audiard : « Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière« . Etre fêlés, comme cette cruche fissurée qui, grâce à ses imperfections, arrose le bas-côté de la route et fait fleurir le monde. Dans la même optique, Aristote dira : « Au fond d’un trou ou d’un puits, il arrive qu’on aperçoive les étoiles« .
L’Avent, c’est le temps plus que jamais de chercher celui qui est au milieu de nous, mais que nous ne connaissons pas, comme dit Jean Baptiste. Et pourtant, ce Dieu incognito, caché, est dans nos regards intrigués, nos efforts à faire la paix, dans nos recherches de vérité, dans notre soif existentielle d’être aimé et d’aimer … C’est Quelqu’un à nommer avec courage et confiance !
Votre curé-doyen, Vital Nlandu
Merci, cher Monsieur le doyen, de nous communiquer votre enthousiasme et votre joie !
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