Homélie du 8ème dimanche ord : Etre cohérent avec sa foi
Si 27, 4-7 ; Ps 91 ; 1 Co 15, 54-58; Lc 6, 39-45
Mes sœurs et mes frères, Jésus le Maître est en train de parler à ses disciples qu’il enverra bientôt en mission. Il les initie à la sagesse dévolue au disciple. Comme le four éprouve la valeur d’un vase (1ère lecture) ou encore la fumée durcit une outre, le disciple est appelé à se laisser transformer par le feu de l’amour vrai, authentiquement chrétien.
Il illustre son exhortation par ces 4 sentences :
1re maxime : « Un aveugle ne pourra pas conduire un autre aveugle« . Cette interpellation relève du bon sens ! Chers amis, il nous arrive de sous-estimer, comme responsables ou guides, le pouvoir de nos paroles, de nos actes, de nos opinions. Ils peuvent avoir une forte influence sur certains. Nos comportements scandaleux peuvent par exemple entraîner la chute de beaucoup, éclabousser même l’image de l’Eglise. Quand je discute avec les jeunes parents sur l’éducation en famille, je leur dis toujours que celle-ci est un paramètre structurant de la personnalité de chacun. Qui de nous ici n’est pas marqué par les souvenirs de son enfance ? Les enfants miment leurs éducateurs ; ils ont besoin de repères pour savoir comment se tenir, parler, aimer … Jésus nous encourage ainsi à être des grains de lumière qui balisent l’océan, le levain au secret de la pâte du monde. Par la lumière que tu as reçue au jour de ton baptême, tu es appelé.e à être éclaireur, guide, témoin. Et cela n’est possible, du moins pour nous qui croyons, que si, tel un panneau solaire, nous nous exposons au soleil de Dieu, pour ensuite refléter sa lumière autour de nous.
2ème maxime : « Comment peux-tu être obnubilé à regarder le moindre fétu, le brin de paille qu’il y a dans l’œil de l’autre, alors que tu ne vois même pas la poutre qui obture ton œil ? » Souvenons-nous de nos « juge-ment(s) » faciles et de nos médisances hâtives. Le « Ôte d’abord la poutre de ton œil » signifie : balaie d’abord devant ta porte ; sois d’abord le changement que tu souhaites dans le monde (Gandhi). C’est facile de donner des leçons à autrui, de demander à ses enfants, à sa femme, à son mari, à sa famille, à ses amis de changer. Commence par changer toi-même et le monde autour de toi changera. Oui, l’Evangile est d’abord une exigence personnelle !
L’histoire du linge sale en dit long : un jeune couple vient de s’installer dans un nouveau quartier. Le lendemain matin, au moment du petit déjeuner, la femme aperçoit leur voisine qui étend du linge sur un séchoir. Que son linge est sale ! Elle ne sait pas laver. Peut-être a-t-elle besoin d’un nouveau savon pour mieux faire sa lessive ? Son mari regarde la scène, mais garde silence. Et c’est le même commentaire chaque fois que la voisine sèche son linge… Après un mois, la femme est surprise de voir un matin que le linge de sa voisine est bien propre et elle dit à son mari : regarde ! Elle a appris à laver son linge maintenant… Qui le lui a enseigné ? Le mari répond : ma chérie…, je me suis levé tôt ce matin et j’ai lavé les vitres de notre fenêtre !… Oui, la beauté, n’est-ce pas dans les yeux de celui qui regarde (Oscar Wilde) ?
3ème maxime : « C’est par les fruits que l’on juge un arbre ». Le fruit visible trahit l’état intérieur de l’arbre. C’est par les actes bienveillants que l’on reconnaît le vrai disciple de Jésus-Christ.
4ème maxime : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur« , autrement dit « ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il n’ait parlé ! » (1ère lecture). En fait, si vous voulez visiter, scruter le cœur de quelqu’un, écoutez ses paroles exprimées ou non (regard, silence, indifférence …). C’est du tréfonds de notre cœur, siège de l’amour et de la haine, que se joue notre salut. Ce qui nous est demandé en entrant ce mercredi en carême, c’est d’être cohérent avec notre foi.
En appliquant ces sentences, nous construirons notre maison spirituelle sur le roc et, contre vents et marées, jamais elle ne s’écroulera (Lc 6, 46-49) !
Vital Nlandu, votre curé-doyen