Homélie du 33ème dimanche ord C : Espérance et persévérance
Lectures : Ma 3, 19-20 a; Ps 97; 2 Th 3, 7-12; Lc 21, 5-19
Mes frères et mes sœurs dans le Christ Jésus, lorsqu’approche la fin de l’année liturgique, l’Eglise nous propose de méditer sur la fin des temps. Puisque tout passe avec le temps, je suis en droit de me poser ces questions de sens : qu’est-ce que je fais là ? Qui suis-je ; suis-je vraiment heureux de la vie que je mène actuellement, bref quel est le but, l’utilité, l’horizon de ma vie ? Sans ses questions, notre vie est coquille vide, dépourvue de sens. La liturgie de la Parole de ce dimanche raffermit notre foi en nous garantissant que notre horizon, notre avenir est en Dieu. Cependant, pour y arriver et maintenir le cap, il y a un chemin fléché de 2 objectifs majeurs à atteindre, à savoir : espérer et persévérer !
Dans la 1ère lecture, on est autour des années 470 av.J.C, les israélites reviennent de l’exil avec enthousiasme, mais cette excitation laissera bientôt place à la désillusion face aux difficultés de la vie quotidienne. Désespérés, certains baissent les bras et se mettent à douter de l’avenir. Pour les réconforter et les éveiller à l’espérance, dans un style apocalyptique, le prophète Malachie – qui signifie « mon messager » – leur dit qu’il va venir le « jour du Seigneur ». Ce sera un soleil qui illuminera ceux qui garderont leur foi.
Quant à la page d’Evangile, chaque siècle a connu les faits terrifiants que Jésus énumère : destruction des églises, des temples, guerres, tremblements de terre, épidémies, famine (sous-alimentation et malnutrition), persécution des chrétiens au nom de leur appartenance à Jésus pour qui, d’ailleurs, toute persécution est une occasion de rendre témoignage à la foi (Mt 10, 18). L’histoire montre ainsi que les catastrophes et les tempêtes existent. La vraie question est de savoir ce qui demeure quand tout s’effondre ? La feuille de l’arbre qui tombe en automne s’en détache certes, mais en se transformant en humus, elle continuera à nourrir l’arbre. Un jour, nos visages disparaîtront, mais jamais nos regards de tendresse, jamais le charme de notre sourire. Un jour, nos corps seront portés en terre, mais jamais notre beauté intérieure manifestée lorsque nous reflétons la Bonté de Dieu, qui nous rend « éternels ». « Si aujourd’hui nous ne sommes pas éternels, nous ne le serons jamais » (Maurice Zundel). Dès lors, faut-il encore se poser la question des disciples de Jésus : « Maître, quand cela arrivera-t-il : la fin du monde, ma mort ? » Il convient de vivre chaque jour comme si c’était le dernier, comme si c’était l’éternité.
Chers amis, notre espérance n’est pas un rêve d’évasion du réel, un opium ou une drogue qui éloigne l’homme du combat de la vie, le laisse le nez en l’air à regarder le ciel. Ce n’est pas non plus une résignation au tragique de l’existence. C’est plutôt un « anti-destin », une passion pour l’avenir, une anticipation déjà aujourd’hui, de la nouvelle terre et des cieux nouveaux promis par Dieu. Le « jour du Seigneur » annoncé par Malachie, c’est aujourd’hui, ici et maintenant, chaque fois que le Royaume de Dieu fait irruption dans notre vie. Ne décelons-nous pas des signes, des semences d’espérance autour de nous, dans tout ce qui est fait par amour gratuit et inconditionnel ; dans tout ce qui nous éveille à la responsabilité comme le travail ? En plus de sa mission apostolique, saint Paul travaille pour subvenir à ses besoins. Sachant que par la vertu du travail, l’homme déploie sa propre dignité, parachève la création et adapte la nature à ses besoins, il lancera cette locution devenue proverbiale : « Que celui qui ne veut pas travailler, ne mange pas non plus » (2ème lecture). Dans la même veine, au 6ème siècle, saint Benoît donnait cette consigne à ses moines : « Ora et labora » (prie et travaille). Notre pratique religieuse ou notre espérance ne peut pas servir d’alibi à notre paresse ou à notre désengagement social. La prière ne remplace pas l’action, mais elle l’inspire et l’exige !…
Aussi Jésus termine son instruction en nous invitant à la persévérance dans la foi, la prière et le bien. En effet, celui qui a déplacé une montagne a commencé par persévérer, par s’entêter à enlever chaque pierre, l’une après l’autre. Eh oui, c’est en suivant le fleuve avec obstination et patience, qu’on parvient à la mer de grâces !
Vital Nlandu, votre curé-doyen