Homélie du 1er dimanche de l’Avent :

Lectures : Is 2, 1-5; Ps 121; Ro 13, 11-14a; Mt 24, 37-44
Chers amis, par son incarnation, Jésus est venu comme un germe; à la fin des temps, il reviendra comme une moisson opulente, et aujourd’hui il vient dans nos vies, nous ouvrir à l’Evangile. Bref, il est toujours en train de venir … A Noël, nous l’accueillons dans la foi et l’espérance retrouvée. Pour nous y préparer, l’Eglise nous propose de vivre dans la joie radieuse de l’éveil spirituel, la période liturgique appelée Avent.
Dans notre UP, nous avons choisi comme fil conducteur qui nous permet d’interpréter les Ecritures et de nous imbiber de l’Onction (Esprit Saint), ce magnifique extrait de l’Evangile de saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le temps de l’Avent, c’est le temps de la (re)visitation, de la gratitude, de la contemplation de cet amour infini de Dieu. C’est l’attente active du don de Dieu.
Cependant, comme nous le savons, l’attente de quelqu’un dont l’heure d’arrivée est imprévisible et inattendue peut comporter ses écueils : la routine, le laisser-aller, la sclérose des habitudes, l’insouciance. Le premier ennemi de la foi, n’est-ce pas l’habitude et la dégradation de l’étonnement, de l’émerveillement ? C’est comme aux jours de Noé avant le déluge, signale la page d’Evangile : les gens dormaient au volant de leur vie quotidienne, ils ne se sont doutés de rien… Le désespoir est aussi un obstacle de cette attente. Face par exemple aux multiples défis auxquels notre humanité est confrontée aujourd’hui – l’incertitude quant à l’avenir, la culture de la mort (la guerre), la crise économique, énergétique, les enjeux climatiques -, on peut se décourager et se désoler … Oui, lorsque « La nuit est avancée » comme dit saint Paul, qu’arrive-t-il ? Les gens qui travaillent de nuit (transporteurs, Horeca, garde -infirmiers, pompiers, soldats) ne peuvent que l’attester : parfois au cœur de la nuit, on somnole. Et c’est tout à fait normal. Néanmoins, ce qui console, c’est de savoir qu’il n’est pas de nuit qui n’ait débouché sur un nouveau jour.
Il faut ainsi sortir de son sommeil (2ème lecture), se réveiller (ce terme évoque la résurrection). L’attente active qui nous est demandée en ce temps de l’Avent, est résumée dans cette exhortation de Jésus : « Veillez donc ! » Autrement dit, soyez prêts et vigilants comme on attend sa consultation dans la salle d’attente du médecin, comme on attend un enfant qui revient de l’école, comme une maman enceinte attend la naissance de son bébé.
Cette vigilance, c’est pour protéger notre maison intérieure des menaces de l’inertie spirituelle, de l’indifférence face aux souffrances et aux détresses des autres. Le pape François le dit souvent aux jeunes : »Nous ne sommes pas venus au monde pour végéter…, mais y laisser une empreinte« . C’est entre autres l’empreinte du service, de notre disponibilité pour les plus faibles.
Le support de la vigilance, c’est le combat spirituel : on fait attention à ce qu’on pense, à ce qu’on dit, à ce qu’on fait, à ce qu’on omet. En tout et pour tout, on discerne la volonté de Dieu. Etre vigilant, c’est revêtir le Christ, devenir un « christophore » (celui qui le porte). En effet, en observant le comportement du témoin de l’Evangile, on y décèle les traits du visage divin. L’œuvre de Dieu se déploie à travers les personnes imbibées d’Onction, qui sont intimement attachées à Lui.
En ce temps de l’Avent, Seigneur, par l’Esprit Saint, viens réveiller mon coeur alourdi, secouer ma torpeur spirituelle. Donne-moi d’écouter à nouveau les murmures de ton Esprit Saint qui en moi prie, veille, espère. Oui, mon Dieu, tu ne m’aimes pas pour mes défauts, mais avec mes défauts, tel que je suis, sans déguisement. Ton amour, je le sais, Seigneur, peut transfigurer ma vie en lui donnant un sens nouveau. Je ne veux pas être parfait, mais humain, heureux, épanoui, libre, m’efforçant de me convertir, de me renouveler inlassablement en toi. Je continue mon chemin Seigneur, tu en connais les courbes, les chutes, les temps forts. Tu sais quand je suis au plus bas ; tu sais le creux de mes vagues, de mes silences, de mes peurs… Je t’attends dans mon présent le plus ordinaire mais ouvert à des horizons infinis. Je me confie en ton amour insaisissable, mais combien sûr. J’attends d’entrer dans l’émerveillement de Noël, ta naissance, ma re-naissance.
En marche vers Noël, on se soutient mutuellement.
Vital Nlandu, votre curé-doyen
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