Unité des chrétiens et mission

Homélie du 3ème dimanche ord A :

       Lectures : Is 8, 23b-9,3; Ps 26; 1 Co 1, 10-13. 17; Mt 4, 12-23

Mes frères et mes sœurs,  nous sommes en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens et la 2ème lecture de ce dimanche vient à point nommé. En effet, cette lecture nous révèle un mal profond et affligeant qui ronge la communauté de Corinthe : le démon de la division. Il y en a qui se réclament de Paul, fondateur de la communauté, d’autres d’Apollos, le brillant savant versé dans les Écritures (Ac 18, 24) ou de Pierre, en l’occurrence les chrétiens de tendance judaïsante.  D’autres encore du Christ, ceux qui ne se réclament d’aucune école et essaient de s’en tenir à l’essentiel… La démarche de la prière pour l’unité des chrétiens est un appel à faire corps et signe, à accueillir l’autre dans sa particularité et à dépasser les peurs.  Le  témoignage de notre unité  repérable relève, selon saint Jean,  de la cohérence de notre appartenance au Christ (Jn 13, 34-35). L’indifférence, la méfiance, le poison de la comparaison,  la mémoire douloureuse du passé, nos retranchements doctrinaux,  notre fixation aveugle et autarcique sur les règles et les rituels nous ont tellement séparés. Pour le cardinal Jozef De Kesel, « L’unité n’est possible que lorsque nous nous aimons et nous apprécions les uns les autres. L’amour est  le véritable moteur de l’œcuménisme« … Ceci dit, comprenons-nous bien : nous ne prions pas pour la fusion ou l’unification des chrétiens,  mais bien pour l’unité dans la diversité de leurs différentes approches  et lectures de la foi chrétienne !

Quant à elle,  la 1ère lecture évoque la terrible déportation de 721 av. J.C. Le Royaume du Nord – la Galilée – est conquis par les Assyriens. Le peuple est humilié, rabaissé. On crève même les yeux aux déportés. Aussi Isaïe prophétise-t-il : le peuple qui marchait dans les ténèbres du désespoir et de l’ignorance a vu poindre une grande lumière. C’est un cri d’espérance qui, pour le philosophe protestant Paul Ricoeur, est « l’optimisme qui a connu les larmes« !

Selon saint Matthieu, la parole d’Isaïe s’est pleinement réalisée en Jésus-Christ. La page d’Évangile de ce dimanche nous y renvoie. Après son baptême dans le Jourdain et l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus prend la relève. Quittant ainsi  le village de son enfance,  il déménage dans le Nord de la  Judée, précisément en Galilée, carrefour des routes,  des étrangers, loin de Jérusalem dite  la Sainte Ville. Et là, il choisit de s’installer dans la bourgade appelée Capharnaüm, sur les rives du lac de Galilée. Il y établit  son quartier général. Voici donc Jésus faire de la pastorale des périphéries : et toi, quels sont tes reflexes vis-à-vis des  périphéries modernes, où vivent  des gens presque « mal vus »,  qui ne pensent pas, ne prient pas, ne se comportent pas comme toi, bref des gens différents ?   En fait, si Jésus choisit la Galilée comme première étape de son ministère pastoral, avec sa population toute brassée et cosmopolite, c’est pour signifier que la mission est universelle : la Bonne Nouvelle est destinée à tous les hommes de la Terre. Et pour la continuité de l’œuvre, il commence  par l’essentiel du message de Jean Baptiste : puisque l’Amour t’est révélé et que tu te sais aimé de Dieu, convertis-toi, autrement dit, retourne-toi  et reviens vers Dieu. Comment ? En acquérant un regard bienveillant, positif vis-à-vis de toi-même, de  l’autre, de la nature et de Dieu. Chers amis, notre vie chrétienne ne serait-elle pas  ce re-tournement perpétuel ?

Jésus recrute alors ses premiers collaborateurs, il en a besoin pour travailler avec eux, comme témoins, à la construction du Royaume de justice et de paix. La mission qui leur est assignée, qui t’est ainsi confiée,  est de « pêcher » les êtres humains, c’est-à-dire de les tirer de la mer pour  les empêcher de se noyer dans les flots des forces du mal et de la mort. Sa méthodologie  pastorale, c’est enseigner, proclamer et guérir. En effet, la parole seule ne suffit pas, encore faut-il, pour la rendre crédible, l’accompagner par des actions concrètes de compassion et d’entraide : il y a tant de plaies à panser, de victimes d’injustice à défendre, de découragés à stimuler, de naufragés de la vie à secourir. 

Mais avant de confier la mission à ses disciples, Jésus leur a dit : « Venez derrière moi« . Tant qu’il nous devance, nous savons que nous sommes en sécurité. Notre chemin est illuminé de son éclat, qui nous aide à discerner la route à suivre.

                                                                       Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Un commentaire pour Unité des chrétiens et mission

  1. Anne-Elisabeth dit :

    Splendide homélie, cher Monsieur le doyen ! Merci beaucoup pour cette réflexion puissante et pleine de vie !

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