Tu es promesse de fécondité !

Homélie du 5ème dimanche du Carême B : Tu es promesse de fécondité ! Lectures : Jr 31, 31-34 ; Ps 51 ; He 5, 7-7 ; Jn 12, 20-33

Mes frères et mes sœurs, nous célébrons aujourd’hui le dernier dimanche de Carême.

La liturgie de la Parole nous fait déjà entrer dans le mystère de Pâques. C’est comme un oiseau qui se met à chanter en voyant poindre l’aurore alors qu’il fait encore sombre. 

Dans la page de l’Evangile de ce dimanche, c’est la fête de la Pâque juive : on « monte » à Jérusalem pour remercier Dieu d’avoir libéré son peuple et de l’avoir conduit en Terre promise. De nombreux touristes y sont présents, entre autres des grecs chercheurs de Dieu qui éprouvent le besoin impérieux de voir Jésus. Quelle est la vraie motivation de leur démarche : serait-ce par simple curiosité, par plaisir de rencontrer une personnalité célèbre, par goût du sensationnel, par désir de devenir disciples ? Serait-ce pour le connaître afin de l’aimer, de s’attacher à lui ? Toujours est-il que leur présence auprès de Jésus préfigure celle des non-juifs de tous les temps, qui pourront choisir de le rejoindre grâce à l’œuvre de la Mission universelle. Jésus-Christ n’est pas seulement Sauveur des juifs, mais du monde entier.

Aussi va-t-il profiter de cette occasion pour donner le sens profond de l’expression évangélique  » Mon heure« . A Cana, il avait dit à sa mère : « Mon heure n’est pas encore venue  » (Jn 2, 4). Elle est venue enfin … l’heure de sa glorification dans sa mort et sa résurrection qui lui donnent le bonheur du devoir accompli. En effet, avant de remettre son esprit entre les mains du Père, Jésus dit : « Tout est accompli !  » (Jn 19, 30). Son élévation en croix est donc le pivot de sa manifestation comme Envoyé de Dieu : « Vraiment  » s’exclama le capitaine romain, un étranger, « cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15, 39). C’est donc l’heure qui permet aux hommes de connaître et de reconnaître le grand amour dont ils sont aimés (Jn 15, 13) ; l’heure de la révélation de la Pâque de Jésus-Christ comme germe et ferment de la vie éternelle. Jésus devient ainsi « la cause du salut éternel » (2ème lecture) …

Et pour nous faire comprendre que sa mort est nécessaire, que c’est une fabuleuse bénédiction, il se sert d’une illustration toute simple tirée de la vie agricole, de la nature. « La nature est un professeur universel et sûr pour celui qui l’observe » (Carlo Goldoni). C’est cette expérience bien connue : toute semence jetée en terre doit se décomposer, mourir avant de retrouver une vie nouvelle (1 Co 15, 36). De même que le grain de blé, Jésus sera mis en terre afin de produire du fruit de salut pour tous les humains. Sa résurrection est le gage de la nôtre… Cependant,  « le vrai problème » fait remarquer Maurice Zundel, « n’est pas de savoir si nous serons vivants après la mort, mais si nous sommes vivants avant la mort ».                                                                                                                                                                                                                    

Aussi Jésus nous recommande, nous qui sommes ses disciples, de mourir à nous-mêmes, à notre mode de vie centrée sur notre petite personne et notre confort, bref à notre égoïsme stérile. Notre « mise en terre » consentie, c’est-à-dire notre kénose (dépouillement), notre humilité – et même parfois l’humiliation que nous subissons -, notre vie toute offerte, notre dévouement pour Dieu, pour les humains, pour la sauvegarde de la nature, est une promesse de belles moissons. A la question de sens « Que dois-je faire de ma vie« , Jésus répondrait : « Il faut s’en détacher pour goûter à l’amour comme un avant-goût d’éternité ; il faut comprendre que seule une vie donnée est féconde« .

C’est donc aujourd’hui que le Seigneur t’appelle à devenir un grain utile et rentable. Le conte « Nous ne vendons que les graines«  est bien instructif et même inspirant : un jeune homme est en train de dormir, et dans son rêve, le voilà qui entre dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous ? » L’ange lui répond : « Tout ce que vous désirez ». Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien : la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Eglise … ».

L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici nous ne vendons pas des fruits, nous ne vendons que les graines » …

Et toi, sais-tu que ta vocation originelle est d’assurer le renouvellement de la vie des autres ? Tu es graine d’espérance, de service, de bienveillance, de bonne humeur pour ton entourage.  Alors, pour déployer avec largesse tes potentialités, aménage dans ta vie, les conditions propices à de belles germinations ! … Quant aux fruits, ne t’en soucie pas trop : ils sont déjà dans le cœur de Dieu !

                                                                                 Vital Nlandu, votre curé-doyen

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