– Mais lui criait de plus belle… Voici assurément Bartimée comme beau modèle de la supplication persévérante !
Il ne se laisse pas rebuter par tous ces obstacles qui se mettent devant lui. Sa supplication « traverse », ouvre son passage, envers et contre tout ! Ne peut-on pas déjà dire qu’elle est déjà pascale ?… A la fin du récit, ne voyons-nous pas en effet l’aveugle guéri cheminer à la suite de Jésus (cf. Mc 10, 52)… Et vers où chemine-t-il, sinon vers Jérusalem, lieu de la Pâque victorieuse de Jésus!… En fait, n’est-ce pas en toute supplication persévérante que nous pouvons voir un chemin pascal ? Ne sommes-nous pas amenés à cette compréhension par une lecture plus profonde, qui n’en reste pas à l’anecdotique, qui n’en reste pas à la simple « matérialité » de la guérison physique ?
N’est-ce pas dans la même ligne pascale que, dès lors que la supplication persévérante est portée par la confiance, par l’amour confiant en Celui à qui on s’adresse, on peut lui appliquer les mots victorieux du Cantique : L’amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. Ses traits sont des traits de feu, une flamme du Seigneur. Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves le submerger… (Ct , 6-7) ?… Paroles de victoire, s’il en est !…
Mais lui criait de plus belle… : Comme s’il voyait l’Invisible, il tint ferme. (He 11, 27)…
Jésus s’arrêta et dit : « Appelez-le. »… Un détail apparemment. Ne passons pas à côté sans comprendre sa signification. Jésus met ses « disciples » au service des petits (Nous y revenons !). Jésus fait transmettre son appel par ses disciples. Oui, Dieu a besoin des hommes ! Et c’est par le moyen de l’Eglise qu’il s’adresse de manière privilégiée à l’humanité… Et l’Eglise, c’est nous !
Sommes-nous assez attentifs aux cris qui montent autour de nous ? Répercutons-nous à nos frères l’appel de Jésus ?… Pour les conduire au seul Sauveur ? Non, la mission n’a rien de facultatif ! J’aime à redire qu’il y va de l’espérance (ou de la désespérance…) du monde.
On discute et on rediscute sur le « rôle de l’Eglise » : le voilà !… Et ce n’est pas compliqué !… Écouter les cris du monde et les rejoindre par le concret de nos engagements (cf. Mt 25, 31-46). Mais aussi toujours garder le cap en aidant autant que possible (sans prosélytisme !) ces cris à monter vers le ciel : Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi (St Augustin, Confessions, 1, 1). C’est cela la Bonne Nouvelle dont nous sommes porteurs (cf. Lc 4, 16-22 )… Nous ne nous réduisons pas à une institution sociale !