Assurément, cela m’encourage… et me console…
Qu’est-ce donc que la sainteté ? Est-ce une perfection morale ? Est-ce un niveau élevé de vertu ? Est-ce l’« héroïcité des vertus » ?… Le saint est-il donc avant tout quelqu’un qui nous « dépasse », qui nous «surpasse » ? Le saint est-il quelqu’un qui, toujours, a quelques longueurs d’avance sur nous … quelques « hauteurs » d’avance ?
Je dois dire que j’ai grand peine à entrer dans ce type de considérations…
Loin de moi de nier le lien qui peut exister entre perfection, vertu, héroïsme, et sainteté… Mais voir les saints uniquement – ou presque uniquement – sous ce regard me décourage !
Bien plutôt je vois les saints comme des compagnons… et avant tout comme les compagnons de Dieu : Marcher avec Dieu, marcher humblement avec son Dieu (cf. Mi, 6, 8). Et à mesure que de la sorte on marche avec Dieu jour après jour, simplement, fidèlement, inlassablement… Dieu devient « mon Dieu » : le Dieu avec qui se tisse le lien d’appartenance… Quand se vit un grand amour, on sait à quel point le « possessif » prend petit à petit place dans le cœur et sur les lèvres : « mon » bien-aimé, « mon » amour, « mon » trésor… Il n’en est pas autrement dans le compagnonnage avec le Seigneur… Et va se lever le vent des « possessifs » entre l’homme qui marche et son Dieu…
« Possessifs » qui parfois seront comme brise légère : Mon bien-aimé (Ct. 6, 3)… mon berger (Ps. 23, 1)… Abraham, mon ami (Is. 41, 8) …
« Possessifs » qui, en d’autres saisons de la vie et de l’amour, seront comme vent violent, brûlant, et même implacable… : mon roc (Ps.18, 3)… mon Défenseur (Jb 1, 25)… tu es à moi ! (Is. 43, 1)… : l‘amour jaloux entre Dieu et l’homme, entre l’homme et « son » Dieu… compagnonnage fort et tendre…
Oui, c’est de ce côté avant tout qu’il faut chercher la sainteté… qu’il faut chercher les saints…
Chercher les saints… Et justement, dès lors que les saints sont avec Dieu, les compagnons de Dieu, tout en même temps ne sont-ils pas nos compagnons ?… Habitant la présence de Dieu qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes (cf. st Augustin), n’est-ce pas là, au plus intime de nous-mêmes, que nous pouvons les trouver et marcher avec eux ? Et aussi retrouver nos défunts ?
Les saints… : compagnons de Dieu… nos compagnons…
Assurément, cela m’encourage… et me console !
Votre curé, Henri Bastin