La Lettre de notre évêque sera lue aux célébrations de ce dimanche dans les paroisses du diocèse. Il va sans dire que, chez nous comme dans les autres lieux, sont amenées les adaptations nécessaires, sur la recommandation de l’évêque lui-même. (H. Bastin)
Ce mardi 8 décembre 2015 a marqué le début de l’Année Sainte de la Miséricorde qui se clôturera l’année prochaine au jour de la fête du Christ, Roi de l’Univers.
Ce dimanche 13 décembre la Porte Sainte sera ouverte à Rome par le pape François. Il en sera de même pour notre diocèse : notre évêque ouvrira la Porte Sainte de la cathédrale, à 16h30.
Comme annoncé, la même démarche se vivra ce dimanche 20 décembre à 10h30, en notre Cathédrale, à Malmedy.
Année Sainte de la Miséricorde… Qu’est-ce que la miséricorde ? Quand on s’écrie : « Miséricorde ! », cela signifie qu’on demande pitié dans une situation désespérée. On pourrait en déduire que l’Année de la Miséricorde se limite à considérer les cas désespérés… Est-ce bien ce que veut le pape ?
Non, certainement pas ! Qu’est-ce qui caractérise alors la miséricorde par rapport à l’amour en général ? C’est que la miséricorde concerne toujours une personne fragile ; c’est une démarche d’amour pour une personne faible. Le mot « miséri-corde » évoque le cœur sensible à la misère.
Dans la Bible la miséricorde se dirige vers trois genres de personnes : la personne souffrante ; celle qui cherche l’amitié ; et celle qui est dans la faute… :
– Quand la miséricorde touche la personne souffrante, on parle de compassion…
– Quand la miséricorde touche la personne qui cherche l’amitié, on parle d’amour fidèle…
– Quand la miséricorde touche la personne qui a fauté, on parle de clémence ou de pitié…
Ces trois approches se complètent… :
– La miséricorde-compassion insiste sur la dimension instantanée et sur le sentiment vécu concrètement et physiquement (cf. l’expression : « Voilà que tout à coup j’ai été pris aux ‘tripes’ ! »)…
– La miséricorde-amour fidèle insiste sur la dimension historique et sur la relation qui se construit dans le temps et la fidélité (cf. les expressions : « Je ne te laisserai jamais tomber ! » ; « Je ne peux plus jamais être heureux sans que tu le sois ! »)…
– La miséricorde-clémence ou pitié insiste sur l’amour qui est clément face aux situations irrégulières ou difficiles (cf. l’expression : « Crois bien que je ne te condamne pas ! »)…
Quand on parlera de miséricorde, il importera de ne laisser tomber aucune des trois dimensions. La miséricorde devra donc toujours être comprise à la fois comme un sentiment instantané, un amour dans la durée, une clémence face aux irrégularités et aux ruptures.
Comme à Rome, comme à la Cathédrale de Liège, comme en huit autres églises de notre diocèse, l’ouverture de la Porte de la Miséricorde en notre cathédrale de Malmedy est une « chance » offerte à tous ceux qui, de près ou de loin dans notre région, viendront « passer » par elle… Saisissons cette « chance » !
Une porte est faite pour entrer et pour sortir. Commençons par entrer… et très concrètement dimanche prochain ici-même en notre Cathédrale ! Rencontrons Dieu qui nous attend dans ce lieu (avec lequel certains doivent peut-être se réconcilier… : belle opportunité cette année…).
En passant par la Porte que Dieu ouvre chez nous, découvrons sa miséricorde envers nous. « Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et il veut nous voir heureux, remplis de joie et de paix », nous dit le pape François (Misericordiae Vultus). C’est une source de joie pour nous en effet de se savoir aimé par quelqu’un. C’est une source de joie pour nous de nous savoir aimés par Dieu lui-même, dans nos souffrances, dans notre besoin d’affection et même dans nos fautes.
Passant par la Porte nous sommes introduits pour présenter à Dieu notre faiblesse, pour lui demander son pardon, pour recevoir son amour en communiant au corps de son fils Jésus, afin que par là il nous réconcilie avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes. Nous vivrons ainsi l’indulgence du jubilé, la libération de nos fautes et de leurs conséquences (c‘est à ce point précis des « conséquences » que se vit plus particulièrement l’indulgence, dont il importe grandement de faire retrouver la signification), nous aurons la conscience purifiée qui nous ouvre la voie de la vie éternelle.
Et ensuite, sortons par la porte et parcourons le monde. « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 6, 36), nous dit Jésus et nous rappelle le pape François. Pour celui-ci, la miséricorde est une clé de renouvellement du monde, car elle nous pousse à aimer au-delà des conventions et des habitudes. C’est aimer quelqu’un même s’il est dans une situation irrégulière ou mal vue, dans une situation de douleur ou de faiblesse. Cela demande une audace. Cet amour invite au pardon et à la réconciliation. C’est pourquoi dans l’année du jubilé, d’après la Bible, il faut remettre les dettes et libérer les esclaves. C’est un programme qui est toujours d’actualité. Il y a des gens qui sont prisonniers de leurs dettes ou de leurs faiblesses. Il y a dans le monde des milliers de personnes qui sont esclaves, c’est-à-dire victimes : esclaves de l’injustice, victimes de la guerre, victimes des changements climatiques, victimes de violences sexuelles, victimes de mépris racistes, victimes de la drogue, victimes de la richesse, victimes de la recherche du plaisir immédiat, victimes de l’ignorance, victimes de l’absence de spiritualité. Le Seigneur nous invite à aimer jusqu’à agir pour libérer l’esclave et pour remettre les dettes qu’on nous doit. Ce sont des œuvres de miséricorde, des engagements concrets que nous sommes invités à prendre pour rendre le monde meilleur et ouvrir la porte à l’action de Dieu dans notre monde. En agissant dans le sens de la miséricorde, nous ouvrons à Dieu la porte sainte du monde, la porte sainte de tous les cœurs humains. Epaulons le pape François dans la mission de miséricorde qu’il propose à tous !