Homélie de Noël 2020, Année B :
Lectures : Is 9, 1-6; Tite 2, 11-14; Lc 1, 1-14
Chers amis, Noël est incontestablement une des plus belles fêtes de l’année. Malgré le confinement, la magie de Noël a joyeusement envahi notre environnement. Noël est ouvert à l’universel, ce n’est pas seulement une fête religieuse. Tout le monde y participe, quelles que soient ses opinions philosophiques. Son charme, c’est qu’il consolide les liens, rassemble et réconcilie. Les commerces sont bien achalandés, on voit partout des cadeaux en habit de fête, promesses de petits plaisirs qui réchauffent les cœurs et apportent la joie. Une manière de dire son amour aux personnes que l’on aime. Partout des guirlandes et des lumières ! A Malmedy, la commune organise jusqu’au 3 janvier prochain, une merveilleuse projection sur la façade de la cathédrale. Toute débauche de lumière, avec la chaleur qu’elle charrie, est victoire sur l’obscurité du désespoir et le froid. « Le peuple qui marchait dans la longue nuit » écrit le prophète Isaïe, « a vu se lever une grande lumière« . A Noël, on brille de mille feux d’amitié et de fraternité.

Spirituellement parlant, la grâce de Noël éclaire nos lanternes en nous éveillant aux signes des temps. Nos fébrilités, nos dispersions, nos fatigues, mais aussi la force des habitudes, les distractions de la vie moderne nous dérobent à nous-mêmes, aux autres et à Dieu. Nous traversons parfois notre vie en somnambule, sans trop nous attarder, nous étonner, nous laisser surprendre. Une sorte d’indifférence à ce qui surgit sur notre chemin. Noël nous rappelle ainsi notre reliance aux autres et au cosmos, notre devoir de louange et de gratitude envers le Dieu de l’alliance, pour sa fidélité. Oui, sa promesse se réalise aujourd’hui encore : « D’un bout de la terre à l’autre, les nations verront le salut de notre Dieu » (Is 52, 10).
Mes sœurs et mes frères, nous avons la chance d’être associés à cette espérance. Noël est un sursaut de conscience, l’abandon de notre cœur à l’inattendu de Dieu, à l’inépuisable richesse de son Amour. En effet, dans la foi et dans l’Esprit, je m’émerveille et reconnais en l’Enfant de Bethléem, le visage humain de Dieu. Par lui, avec lui et en lui, le fabuleux mystère d’Amour infini de Dieu s’est accompli. Et rien : ni la mort, ni le péché, ni la déconvenue ne pourra m’en arracher.

Et puisque Dieu s’offre à nous à travers un visage d’enfant sans pouvoir, sans voix (in-fans), dépendant totalement des autres, faisons de Noël, non seulement une fête des enfants, des familles, mais aussi des faibles et des pauvres. Je rends grâce à Dieu pour le foisonnement d’idées et d’initiatives de partage de la joie de Noël dont je suis témoin : les colis de vivres, le parcours de crèches dans les villages, les églises ouvertes et accueillantes; il y en a qui écrivent des cartes aux personnes malades, seules; qui aident une famille immigrée à s’installer, apportent la communion à quelqu’un qui n’a pas pu être à la messe étant donné les mesures sanitaires… Et tout cela fait avec sourire, écoute empathique et regard bienveillant. Comme dit le dicton, « Celui qui n’a pas Noël dans le cœur ne le trouvera jamais au pied d’un sapin« .
C’est vrai qu’il y a 2020 ans, Dieu s’est fait homme par Jésus de Nazareth. Aujourd’hui, le Ressuscité n’a d’autre Corps pour se donner aux hommes, que son Eglise dont nous sommes les membres. Etant ainsi appelés à être les bergers d’aujourd’hui, nous reconnaissons le visage de Dieu dans les plus petits d’entre nous. C’est ce souhait que formule le pape François quand il dit : « Que Noël soit pour vous tous une occasion de fraternité, de croissance dans la foi et de gestes de solidarité envers ceux qui sont dans le besoin » (Angelus du dimanche 22 déc. 2019). C’est dire que Noël, ce n’est pas que du romantisme ou du sucre, c’est une révolution d’amour et de tendresse.

« C’est Noël » écrit Guillaume Apollinaire, « il est grand temps de rallumer les étoiles« . C’est-à-dire de réveiller le meilleur qui sommeille en toi, la part sainte, bienveillante de ton humanité. Rallumer ses étoiles, c’est aussi attiser les braises de l’émerveillement, qui (re)donne goût à la vie. Mais elles sont tellement hautes, les étoiles, qu’on a besoin d’une échelle pour les atteindre… Et si ton échelle était le Dieu trinitaire ! Noël est la célébration de l’espérance chrétienne, le cadeau inestimable que Dieu offre aux cœurs humbles. On le sait : on n’espère que le meilleur; le pire on le craint… Alors dis-moi : quelle est ton espérance, qu’attends-tu au fond de toi ? Tu as des raisons de relever la tête, car Dieu a mis de la sève dans tes racines. Tu as des ressources pour affronter les vents contraires de la vie.
Que la grâce de Noël grave dans vos cœurs la paix spirituelle. A tous et à chacun, je présente mes vœux les meilleurs !
Vital Nlandu, votre curé-doyen